dimanche 1 décembre 2013

M&M - Scénario 6.2 - La routine habituelle : Toussaint Sauveterre

La suite des scénarios intermédiaires individuels.
Cette fois-ci, c'est au tour de Toussaint Sauveterre.

C'est au cours de ce scénario qu'a débuté la réflexion autour de son personnage, coincé entre le super scientifique et le super militaire.
Il faut dire que c'était pas parti gagnant : j'ai assez de culture hollywoodienne pour imaginer le rôle d'un super militaire, autant je ne suis pas sur d'avoir le talent de MJ nécessaire pour laisser une véritable place à un super scientifique.

Quand le joueur m'a demandé de concevoir et produire en un round, alors que le personnage sortait de sédation, un armement anti-blindage / détecteur d'invisibilité / capable d'inoculer des maladies mortelles pour hacker des armures organiques, je me suis dit que j'étais pas le seul à avoir du mal à cerner le concept.







Scénario 6.2

La routine habituelle : Toussaint Sauveterre


Prologue (secret)

Le lieutenant Carmen Hattaway a été envoyée par l’UCT pour tenter de rétablir l'histoire dans son cour normal.
Elle a été envoyée dans le passé après les deux premières tentatives infructueuses effectuées avec des condamnés : Toussaint Sauvetrre et Friedrich Von Eversmann.
Elle devait être projetée en 1918, mais, pour une raison inconnue d’elle, ça n’a pas fonctionné.
Par contre, contrairement aux deux premiers, la technologie ayant été perfectionnée, elle a été transférée avec du matériel lourd.

Elle se retrouve donc en 2013 et, en pénétrant dans les réseaux informatiques, trouve trace des deux condamnés, mais ne parvient à localiser que Toussaint.

Après réflexion, elle fait un choix dans les options de sa mission.
Ses ordres sont de ramener Eversmann pour qu'ils finisse de purger sa peine dans le futur. Concernant Toussaint, il a été condamné à mort par contumace pour avoir saboté le projet de voyage temporel, les preuves établissant qu'il l'a fait afin de s'évader.

Hattaway est une descendante de Mistral. Elle a une armure Jaguar Mk3 harmonisée avec son pouvoir de techno-manipulation : les brouilleurs optiques la rende complètement invisible tant qu’elle ne passe pas à l’attaque. Cette invisibilité s’étend même dans le spectre infrarouge.
Elle dispose aussi de balles anti-mutagène spéciales, afin d’empêcher Toussaint ou Friedrich de régénérer.


Depuis qu'un hélicoptère vous a ramené de la Mer du Nord, trois jours se sont écoulés.
La femme que l'équipe B a appréhendée sur la plateforme a été placée au secret sur ordre du Professeur C.
Un étage entier de l'institut est bouclé, des mesures de sécurité drastiques ont été prises afin d’empêcher que se reproduise l'incident de la garde à vue d'Emilie Couturier.
L'équipe B est au repos pour le moment, c'est Central qui s'occupe de l'interrogatoire.

Profitant du temps libre, Toussaint se repenche sur ses projets scientifiques : laissant le projet de vaccin contre le vampirisme de côté, il se concentre sur les nanomachines de Fao...
Enfermé seul dans le laboratoire confiné de chimie du 7eme sous-sol, tu étudies les prélèvements réalisés en Irak.
Pour progresser plus vite dans tes recherches, tu fais réaliser les calculs les plus importants par les serveurs de l'institut.
Tu es donc, comme souvent, en discussion en parallèle avec Data, l'informaticien, qui veille au bon fonctionnement de l'infrastructure informatique.

Tu ne sais pas d'où viennent les noms ridicules qu'il donne à ses serveurs, mais il est la seule personne qui parvienne à discuter aussi vite que toi quand votre conversation se déroule par informatique interposée, et pour une fois, ça fait du bien de ne pas avoir besoin de ralentir.

La porte du laboratoire s'ouvre dans un soupir d'air comprimé.
Comme ton poste de travail fait face au sas, tu lèves les yeux de ton écran pour voir qui entre.
Mais personne ne rentre, la porte transparente semble s'être ouverte toute seule.

(jet d'insight réussi)
Il faut badger dans le laboratoire, donc normalement, la porte ne peut pas s'ouvrir toute seule.

Sans me lever de mon siège, je fais apparaître ma tenue de combat (NDR : je dis gg discrétion). Une fois le casque apparu, j'enclenche sa fonction de "vision thermique" en comptant sur la résistance aux illusions de la machine pour contrer une éventuelle invisibilité de vampirique ou surnaturelle. Ceci fait, toujours sans bouger, je prends quelques instants pour examiner la pièce.

Les différents filtres de perception thermiques et radar s'enchainent, tout ce qui pourrait être détectable devrait être détecté.
Mais la pièce est toujours vide, tu ne vois rien de particulier.
Cependant, même si tu ne saurais le jurer, tu crois entendre des soupirs de vérins hydrauliques.
Ce n'est pas un bruit inhabituel dans un laboratoire, mais en l’occurrence, tu n'arrives pas à les reconnaître.
Dans la fenêtre de discussion, Data continue, inconscient de tes inquiétudes


Continuant à faire celui qui n'a rien remarqué (NDR : ben voyons, avec une armure de combat), je tape "Tu devrais passer prendre le café pour qu'on en parle. Amène du monde. Sarah Connor ou le Prof par exemple"
Je me demande si quelqu'un a équipé la nouvelle Mistral d'un système furtif?

Les technologies de camouflage optique en 2013 n'affectent que le spectre infrarouge et elles sont incroyablement énergivores : en gros, en 2013, on arrive à dissimuler un tank à la thermographie en le recouvrant de dalles qui fonctionnent comme des frigo inversés.
Mais ça ne rend pas le tank invisible à l’œil nu ! ça le dissimule juste à la thermographie.
Cette réflexion ne te prend qu'un dixième de secondes, pendant ce temps, tu peux constater que Data a lancé une routine de vérification de ses systèmes.


Tu n'as pas le temps de te réjouir de l'arrivée des sucrettes car dans ton dos, quelqu'un t'adresse la parole en novlangue, la langue du trentième siècle.

-Unité de Contrôle Temporel, les mains sur la tête ou je tire !

Entendre ta langue natale est surprenant, mais aussi inquiétant.
La voix féminine est métallique, manifestement rediffusée par un haut-parleur.
L'accent trainant fait d'avantage penser à un sujet du Neo-Commonwealth qu'à un citoyen de l'Union Panafricaine, mais ces deux nations sont alliées et l'unité de contrôle temporel est un organisme commun.
Tu entends aussi le bruit aigu caractéristique du blaster chargé en énergie.

L'ensemble des éléments à ta disposition te fait penser à une armure furtive Jaguar mk3, telle qu'on en trouve au XXXeme siècle chez les pilotes d'armures "harmonisés" du Neo Commonwealth.
Niveau de dangerosité : très élevé.
La voix insiste. 

-Les mains sur la tête !

Je lève les mains et fait lentement pivoter ma chaise pour essayer de regarder derrière moi. 

-Vous savez que votre insigne me donnera plus envie de me rendre que votre arme. Désactivez vos protocoles furtifs et prouvez votre identité avant que les Néandertaliens du coin débarquent et que votre opération tourne au fiasco.

Un tir de blaster accueille ta requête. (round de surprise lié aux mains en l'air, dodge réduite à cause de la position assise, tir en puissance)
Heureusement, il était réglé en mode non létal, tu te retrouves immobile sur ton siège, les membres tétanisés.
ça ne t'interdit pas de prendre la parole, mais tu sais qu'il faudra une bonne minute pour récupérer une mobilité.

-On m'a mise en garde contre vos belles paroles. Je suis ici pour respecter le règlement, et il est assez précis concernant les repris de justice, les saboteurs et les traîtres.

Tu ne peux toujours pas voir ton interlocutrice, mais le ton de sa voix est très dur.
Dans le coin de ton oeil, l'écran de ton ordinateur continue à s'animer.

(au tour suivant, tu as l'initiative sur elle, mais tu ne peux que parler)



-Le règlement? Je suis dans cette époque en mission, je ne représente aucune menace et vous tirez sans somation? Ils vont adorer ça, vos patrons de l'UCT... Surtout quand le CAFE ! va arriver et que vous allez transformer votre arrestation en guerre trans-temporelle. Et ce n'est pas votre CAMOUFLAGE qui va vous dissimuler aux yeux de mon CAFE ! 

Si j'ai un temps soit peu de contrôle musculaire a la fin de ma tirade, je me laisse tomber de mon siège afin de ne plus être devant l'ordi.

Tu essayes de t'agiter et tu parviens à tomber de ta chaise de façon peut digne, mais au moins, tu n'es plus à proximité immédiate de l'écran.

Tout à coup, tu te sens assez faible.
Tu ne saurais pas l'expliquer, mais pour la première fois depuis longtemps, tu ne te sens pas aussi jeune qu'un garçon de 20 ans et le poids des années pèse sur tes épaules.
Tu ne sais pas trop ce qu'elle t'a fait, mais on dirait que tes pouvoirs sont comme inhibés. 

-Je ne fais pas ça de gaieté de coeur Commandeur, mais nul n'échappe à la justice, et je ne fais qu’exécuter les ordres. Vous n'auriez pas du gâcher votre seconde chance en détruisant les installations du Cap.

Tu ne sais pas de quoi elle parle. Les installations du Cap sont celles que tu as utilisées pour revenir dans le passé, mais tu n'as rien détruit.
Un hologramme bleu apparait devant toi, il s'agit d'un texte de justice portant le sceau électronique d'un tribunal militaire.

-Commandeur Toussaint Désiré Sauveterre, vous avez été cité à comparaître devant le tribunal militaire de New Johanesbourg sous l’accusation de complot, sabotage d’installations militaires, modification du continuum temporel en association avec une entreprise terroriste. Le 29 Janvier 2920, la cour, au nom du peuple de l’Union Panafricaine et du Neo-Commonwealth, vous a condamné à mort, à exécution immédiate.

Le 29 janvier 2920 correspond à deux années après ton départ dans le passé.
Ton interlocutrice vient donc du futur par rapport à toi : un futur de deux ans.

-Conformément au règlement, je suis tenue de vous demandez si vous avez une dernière déclaration avant exécution de la sentence.

Et tu entends le grésillement caractéristique du blaster qui passe en mode létal.

(jets de perception, derrière l'écran)
Aucun renfort n'a l'air de se profiler à l'horizon.
L'écran continue à clignoter




J'essaie de faire durer une tirade pendant au moins les 9 secondes qui manquent pour que l'ordi reboot. 

-Je n'ai pas détruit les installations du Cap. J'ai quitté notre époque en 2918. Je n'ai pas pu commettre le crime dont vous m'accusez. Je n'ai pas non plus assisté à mon procès. Si vous disposez d'une capsule temporelle, vous pouvez au moins me ramener à notre époque pour que je puisse me défendre face à une accusation infondée. Si l'Union Panafricaine a été attaquée DEUX ANS après mon départ pour le XXe siècle, me tuer maintenant n'est ni un acte de justice ni une action de sécurité nationale : le coupable est toujours en liberté. Il faut me ramener dans le futur. Au pire, la sentence sera confirmée et j'aurais au moins la satisfaction de mourir chez moi et les hommes du XXe siècle ne mettront pas la main sur mon matériel génétique et mon équipement dont la technologie n'a pas encore été découverte.

-Croyez bien que ça ne me fait pas plaisir Commandeur, mais je n'ai de la place que pour un seul prisonnier et cette place est réservée à Friedrich Von Eversmann. Il n'a pas pu rectifier l'incident R, mais lui au moins n'a pas laissé une bombe derrière lui après avoir été envoyé dans le passé. Il a échoué dans sa mission, mais il ne l'a pas transformée en tentative d'évasion temporelle, lui ! Il retournera donc en prison, une fois que nous en aurons fini avec les formalités ici.

Elle s'arrête dans sa tirade, comme si son attention s'était reportée sur autre chose.

-Les gardes semblent tenir à vous, mais j'ai peur qu'ils ne soient pas en mesure de forcer leurs propres sas de sécurité qui se sont refermés sur eux.


-Les autorités de cette époque ont eu affaire a von Eversmann. Même avec mon aide, ils n'en sont pas venu a bout. Il est en train de comploter pour tirer parti de l'incident R. Si vous êtes la pour l'arrêter, je vous propose de reporter mon exécution et de travailler ensemble pour en venir a bout. J'en profiterai pour savoir pourquoi je suis condamné à mort, sans procès, pour un crime que je n'ai pas commis. Je crois que vous avez prouvé que je ne pouvais pas vous échapper. Autant profiter de mes contacts et de ma connaissance de cette époque pour mener a bien votre mission. En bonus, vous n'aurez pas a affronter et tuer les résidents de ce bâtiment, qui sont plutôt de gens bien. Qu'en dites-vous ? Vous reportez mon exécution, je vous aide a arrêter von Eversmann et a élucider cette affaire d'attentat, vous m’exécuterez si vous en avez encore besoin. Les deux ou trois mois que vous allez perdre ici sont imperceptibles de l'autre cote de la faille temporelle... 

Ta tirade sur le complot de Von Eversmann semble avoir suspendue le geste de ton interlocutrice l'espace d'un instant.
Ton ordinateur se met alors à bipper, tu sens l'armure sur toi se redresser, sans doute pour consulter ton écran. 

-Il redémarre ? Mais il va tuer ses circuit bio-moléculaires ! 

Tu souris intérieurement, parce que tu as fait la même erreur à tes débuts dans ce laboratoire.
Au XXXeme siècle, les ordinateurs ont des circuits de micro-organismes pour s'auto-alimenter en énergie et accélérer les calculs : on ne les éteint donc jamais sinon on "tue" son ordinateur.
Au XXIeme siècle, l'énergie vient d'une centrale électrique et on la conduit par câble, ce qui est préhistorique, mais permet de redémarrer ses ordinateurs autant qu'on le désire, notamment quand on identifie un problème (ce qui arrive souvent).
Apparemment, ton exécutrice n'a pas pris cet élément en compte quand elle a hacké l'INRS.

-Ho merde...

Et à ce moment, l'alarme générale se déclenche et une explosion retentit à l'étage.
De ta position tu ne peux pas voir, mais ça semble venir de la cage d'ascenseur.
Tu entends aussi les ordres de Le Bolzec.

-Alpha en pointe ! Bravo, en appui ! Au rapport !
-Alpha, pas de visuel !
-Bravo, pas de visuel !
-Plan Bleu !

Normalement, ils sont silencieux comme des vrais professionnels alors qu'aujourd'hui, ils hurlent : tu en déduis que les communications radio doivent être coupées.

Images intégrées 3Avant que tu ne puisses faire quoi que ce soit, une rafale d'arme automatique se fait entendre, un bruit de verre cassé, et, dans un moment qui te parait irréel, un objet bleu traverse ton champs de vision.
Tes réflexions déroulent moins vite depuis que tu as été neutralisé, mais un souvenir fait surface où, debout dans le bureau de Le Bolzec, tu lui expliques qu'en cas de nécessité, il peut tirer, tu te relèveras toujours car tu es immortel.
L’inhibiteur de pouvoir qu'on vient de t'injecter te fait considérer cet échange sous un jour nouveau.

Tu commences à retrouver un usage limité de tes membres supérieurs, mais guère d'avantage.

Images intégrées 2
Voici le plan de ton étage :

Actuellement, tu es à terre entre deux bancs d'essai en H.
Les ascenseurs sont en C. Les parois des laboratoires H et I ainsi que les sas B sont transparents, comme il se doit.
G et F sont des salles d'archives et des bureaux.
A représentent de grandes armoires à dossier.
E une salle de réunion et D l'espace café. 

En pensant "on va à la guerre avec les super-pouvoirs qu'on a, pas avec ceux qu'on voudrait avoir", je rampe entre les bancs d'essai (en espérant qu'ils me couvriront un peu de l'explosion/de la peinture bleue) en direction du sas B. 
Si mes comms sont revenues avec ma tenue de combat, je crie :  

-armure de combat du XXXe siècle en mode furtif dans le labo H ! C'est le moment de tout arrêter avant que ça dégénère ! 

Je ne me rends pas bien compte de la distance que je peux couvrir en un tour en rampant, donc je pars du principe que je n'arrive pas à sortir de la salle avant la fin du tour. Si j'ai le temps, j'essaie d'avancer vers l'ascenseur le plus proche: les gars de Le Bolzec pourront m'évacuer parce que, pour l'instant, je ne suis qu'un poids mort.

Dans ton oreillette, le professeur C te répond.

-Data vient d'arriver en courant, je descends tout de suite.

Tu essayes de ramper mais très vite tu es stoppé par le poids considérable de l'armure de combat qui s'est jetée sur toi.
Tu ne saurais pas dire si elle cherche à t’arrêter ou te protéger de la grenade.
Heureusement pour toi, ton intuition ne t'a pas menti : c'est n'est pas une grenade offensive.
Mais ce n'est pas une grenade à peinture non plus.
Quand elle détone, la grenade expulse un nuage de plâtre qui blanchi le laboratoire.
Maculée de blanc, l'armure devient visible.
Tu peux d'ailleurs voir que les optiques de son casque sont aussi recouvertes de plâtre, et donc que la pilote ne doit rien y voir du tout. 

-Des armes à feu et du plâtre, ils commencent à me fatiguer les primitifs.

Son casque s'ouvre dans un soupir, elle se redresse et arrose les commando marines avec son blaster à répétition en mode paralysant.
N'attendant pas la riposte, elle plonge à terre après avoir renversé un banc d'essai et te tire vers elle.
Derrière vous, les balles de P90 crépitent.
Puis tout se tait.

La voix du professeur C se fait entendre.

-Qui que vous soyez, vous êtes ici en infraction des articles 413-2, 5, 6 et 7 du code pénal régissant les zones protégées intéressant la défense nationale. Rendez-vous immédiatement et il ne vous sera fait aucun mal, résistez et nous aurons recours à la force.

Pendant ce temps, la pilote d'armure recharge.
Tu peux distinguer un nom sur sa poitrine : LTN C. HATTAWAY
Elle marmonne.

-Et en plus je comprends rien à ce qu'ils racontent, on m'avait dit que la langue du XXIeme siècle, c'était le chinois. 

-Vous voyez bien que vous n’êtes préparée pour mener votre mission a terme. Les hommes qui vous tirent dessus sont eux aussi censés arrêter von Eversmann. Bref, tout le monde perd son temps et vous feriez mieux d’arrêter tout avant de tuer l’ancêtre de quelqu'un d'important et de créer un paradoxe temporel. 

Si son casque est relevé, je vois son visage et elle n'a plus de protection a priori. Si c'est le cas, je fais exploser une grenade flash. Sa sera toujours ça de pris.  (NDR : le côté Jack Bauer refait surface, toujours quand on s'y attend pas)

Effectivement, tu vois le visage de la pilote et effectivement, elle ne dispose plus des filtres de son casque.
Profitant que son attention soit concentrée sur les commandos, tu lui lances ta capsule flash au visage.
L'explosion la cueille par surprise et, à entendre le cri de douleur, elle semble avoir eu de l'effet.
Son casque se referme immédiatement et tu te prends un coup de poing empoussiéré de blanc en plein visage.
Elle l'a sans doute ajusté comme elle pouvait mais à cette distance et avec ton engourdissement, elle ne pouvait pas plus te louper qu'elle ne pouvait éviter la grenade.
Le coup de poing assisté par servo-verrin a lui aussi beaucoup d'effet sur toi, et tu roules dans les décombres.
Tu as le gout de ton propre sang dans ta bouche car a priori, elle t'a cassé une dent.
De son côté, elle essaye de se redresser mais n'y parvient pas.

-Et dire que j'ai failli marcher dans votre histoire. On m'avait bien dit de ne pas vous écouter.

Le système anti-incendie se déclenche, plongeant le laboratoire sous un déluge d'eau. 

Si je ne peux pas me lever je crache un peu de sang sur le casque et lui dit 

-Si vous tuez un seul de ces hommes, vous aurez affaire a moi.

Tu restes affalé dans la douleur et l'anesthésie.
La pilote ne semble guère aller mieux du fait de ta grenade incapacitante.
Vous formez un duo pathétique au milieu des ordinateurs éventrés, des appareils détruits, des meubles renversés, du verre brisé et des impacts de balles.

L'eau qui continue à couler en torrents sur l'armure Jaguar est en train d'enlever la poussière blanche.
Peu à peu, elle redevient invisible

-Quelle grandeur d'âme. Les 187 civils qui étaient sur le pont que vous avez fait sauter auraient aimé ne pas avoir affaire à vous. Le véritable danger pour ces indigènes, c'est Toussaint Sauveterre, pas moi.


Tu entends un chargement d'énergie, le bruit sec d'une détente hydraulique puis le plafond s'écroule sur toi.
Le choc est assourdissant, tu n'entends pas Le Bolzec ordonner à ses hommes de venir te tirer de là.
Quand tu reprends tes esprits après quelques secondes de flottement, tu t’aperçois qu'il y a un gros trou dans le plafond, ainsi que dans le plafond de l'étage au dessus.
Des commandos marines sont en train de s'assurer que tu vas bien, d'autres braquent le trou.
Tu entends Le Bolzec crier, mais le son de sa voix est étouffé. 

-Elle s'est barrée par le cinquième, bouclez le périmètre ! Et que quelqu'un coupe la flotte !

Je prends quelques secondes pour me relever. Dans mon communicateur, je fais un point avec Data et C.  

-Un agent temporel venu du XXXe siècle pour m'arrêter est actuellement dans le bâtiment. Elle s'appelle Hattaway et travaille pour les forces de l'ordre, dispose d'une armure de combat sans équivalent à votre époque et parle le Mandarin. Elle n'est pas une ennemie, mais n'hésitera pas à faire feu si attaquée. 

-Mor-Tel ! est la réponse de Data à ton rapport. 

Je prends le temps de saluer Le Bolzec avant de foncer dans les escaliers à la poursuite d'Hattaway en espérant que mes pouvoirs reviennent. 

J'essaie aussi de réfléchir à un moyen de court-circuiter son armure suffisamment longtemps pour l'appréhender sans la blesser. 

Si j'ai bien compris, son système embarqué est en partie vivant. Et si je fabriquais un "virus" bio-organique, peut être en utilisant une souche virale d'une maladie qui existerait au XXIe siècle, mais aurait été éradiquée au XXXe siècle ? On est à l'Institut Curie après tout donc je dois pouvoir mettre la main sur une seringue d'ebola ou, plus bêtement, du sida, avec un projectile de haute densité pour passer son blindage, je peux peut être attaquer son OS...

Tes réflexions ne défilent pas aussi vite que tu en as l'habitude, mais ça s'améliore doucement.
Il y a bien une couche bio-organique dans les armures Jaguar, mais ce type d'équipement étant un secret militaire d'une autre nation que la tienne, tu ne saurais même pas le localiser à l'intérieur de l'armure. 

Néanmoins, la possibilité d'une arme virale, bien qu'interdite par toute les convention du XXIeme siècle, te semble une piste scientifiquement valable. Cependant, elle ne règle pas le problème de la détection de l'armure et tu sais que les défenses de systèmes de classe militaire sont évolutives.

Tu arrives devant la cage d'escalier voisine des ascenseurs pour constater que deux commando marine t'emboitent le pas.
Ils ont la main sur leur oreillette et viennent de recevoir un ordre.
Malgrès cela, ça continue de crier.

-La cage du deuxième vient d'exploser.
-Verrouillez l'étage carcéral !
-Elle continue à monter !

Tu peines à garder le rythme des deux commando marine, mais tu continues à grimper les étages quatre-à-quatre.
Dans ton dos Le Bolzec arrive en courant, il est accompagné d'un homme qui porte une arme anti-char en bandoulière.

-On monte à l'héliport, activez !

Je pourrais trouver un moyen de diffuser, dans le système de ventilation d' l'Institut, un virus adapté uniquement à son OS embarqué : ça règlerait le problème du blindage sans risquer de blesser les personnels et, faute d'informatique embarquée, elle ne pourrait plus utiliser son mode furtif pendant quelque temps. Ceci étant, j'imagine qu'il me faudrait plus que quelques secondes pour mettre au point une arme de ce genre.
En revanche, je pourrais aussi bidouiller des lampes torches pour qu'elles projettent un type de rayonnement particulier, une sorte de lumière noire que son armure ne pourrait pas compenser instantanément. Je pars du principe que le mode furtif joue sur la réflexion de la lumière, mais c'est une hypothèse. 
Contrairement à la solution "arme chimique" il me semble que c'est le genre de truc que je peux improviser rapidement.
Par ailleurs, puisque je pense qu'elle écoute nos radios, je m'adresse directement à elle : 

-Je n'ai pas fait sauter les installations du Cap. Ma mission devait rendre le monde meilleur, à quoi cela me servirait-il si je ne pouvais plus rentrer à mon époque pour en profiter ? Votre opération est en train de tourner au désastre exactement comme la mienne. Arrêtez les hostilités et discutons : il y a ici des gens qui traquent van Eversmann depuis des décennies et vous avez besoin de leur aide. Croyez moi, il sera beaucoup plus dur à appréhender que moi.

Ta longue tirade dure tout le long de ton ascension vers l'héliport.
Tu fais la liste mentale des objets dont tu vas avoir besoin pour ton projet de munition virale, ou de projecteur anti-camouflage, mais la plupart de ces éléments sont dans les étages inférieurs.

De toutes façons, porté par l'élan des commando, tu finis ton ascension à bout de souffle. Tu avales les dernières marches menant au sommet du bâtiment et tu ouvres la dernière porte en prononçant tes derniers mots.

-...il sera beaucoup plus dur à appréhender que... moi.

Au milieu du pas de décollage, tu vois un trou dans le sol semblable à celui qui était au plafond de ton laboratoire.
Derrière ce trou, un hélicoptère est couché sur le côté, les pales formant une antenne grotesque.

Et devant ce désastre, contemplant l'horizon, se trouve le Professeur C qui recrache nerveusement la fumée d'une cigarette.
Sans se retourner, elle annonce d'une voix chargée d'une colère contenue.

-Elle est loin, c'est loupé pour cette fois. Capitaine, faites fouiller l'intégralité du bâtiment. Quand ce sera fait, recommencez. Data, assurez vous que vous avez le contrôle de votre infrastructure.

Elle tire une dernière taffe de sa cigarette, puis désintègre son mégot entre ses doigts avant de se tourner vers toi en adoptant un ton plus calme.

-Et bien monsieur Sauveterre, une petite amie éconduite dont vous auriez oublié de nous parler ?


FIN





PS : Parce que j'écris pas que des conneries

Article 413-2 du code pénal
Le fait, en vue de nuire à la défense nationale, d'entraver le fonctionnement normal du matériel militaire est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende.
Est puni des mêmes peines le fait, en vue de nuire à la défense nationale, d'entraver le mouvement de personnel ou de matériel militaire.

Article 413-5 du code pénal
Le fait, sans autorisation des autorités compétentes, de s'introduire frauduleusement sur un terrain, dans une construction ou dans un engin ou appareil quelconque affecté à l'autorité militaire ou placé sous son contrôle est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende.

Article 413-6 du code pénal
Le fait, en vue de nuire à la défense nationale, d'entraver le fonctionnement normal des services, établissements ou entreprises, publics ou privés, intéressant la défense nationale, est puni de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende.

Article 413-7 du code pénal
Est puni de six mois d'emprisonnement et de 7 500 euros d'amende le fait, dans les services, établissements ou entreprises, publics ou privés, intéressant la défense nationale, de s'introduire, sans autorisation, à l'intérieur des locaux et terrains clos dans lesquels la libre circulation est interdite et qui sont délimités pour assurer la protection des installations, du matériel ou du secret des recherches, études ou fabrications.
Un décret en Conseil d'Etat détermine, d'une part, les conditions dans lesquelles il est procédé à la délimitation des locaux et terrains visés à l'alinéa précédent et, d'autre part, les conditions dans lesquelles les autorisations d'y pénétrer peuvent être délivrées.

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