samedi 2 mai 2015

Campagne Dark heresy - Scenario 1

Voilà un bout du premier scénario de Dark Heresy. Je vias le poser là pour motiver le MJ à continuer sa campagne.
C'était très sympa à jouer, je suis sûr que le reste sera du même tonneau.




La plateforme commence à s’élever. Elégante et luxueuse, elle glisse dans un soupir mais je sens ses rouages en mouvement et le flux de l’énergie qui l’anime.

Je sens aussi la peur autour de moi.

Une trentaine d’officiers de l’Adeptus Arbites nous accompagne et depuis que nous leur avons agité nos rosettes inquisitoriales sous le nez, ils sont nerveux.

Chandra dessinée par Cryptcrawler
Moi aussi je suis nerveuse. Un peu plus tôt, une épée tronçonneuse a manqué de me décapiter, arrachant mon masque de cuivre au passage. Du coup, je suis tête nue et visage découvert et j’ai l’impression que tout le monde me regarde. C’est tout de même plus facile de parler avec l’autorité d’un membre de l’Adeptus Mechanicus quand on en a l’apparence. Là, avec mes tâches de rousseurs, ils doivent se demander si je n’ai pas emprunté ma robe rouge dans le premier atelier qui passait.

Encore trois minutes d’ascension et nous aurons atteint le sommet de la falaise et son auditorium. Là-haut, nous allons trouver le conseiller Orlov, le dirigeant réel de cette planète et nous allons l’arrêter pour hérésie.

Ça aussi ça doit les rendre nerveux.

Je prends mon com-vox et je balaye la fréquence à la recherche de celle du techno-prêtre du palais. Je lui ai demandé de me mettre en communication avec le Serena’s Hope qui doit être en orbite : j’espère qu’il a fini par y arriver. Le bruit de statique s’estompe et j’entends la voix de Severus Decaine, le Libre-Marchand qui nous a amené ici

-Ici Decaine, j’écoute.
-Seigneur Decaine, ici Novia, j’ai un service à vous demander.
-Encore ?
-Rassurez-vous Seigneur, normalement, ça ne devrait pas impliquer de destruction de matériel cette fois. Enfin, pas le vôtre en tous cas.
-Je plaisantais, quel service puis-je rendre à l’Inquisition aujourd’hui Techno-Prêtresse Novia ?
-Pouvez-vous déplacer votre croiseur en orbite au-dessus de la ville et vous préparer à la raser par bombardement orbital je vous prie ?

Un silence tombe au bout de la ligne.
Un silence tombe aussi dans la cabine de l’élévateur, tout le monde me regarde.
Si seulement j’avais mon masque.

-Vous… vous me demandez de bombarder une planète ?
-Correction : je vous demande de vous préparer à le faire. Si vous n’avez pas de nos nouvelles dans une heure, c’est que l’hérésie aura commencé à se répandre et seule une frappe massive pourra encore sauver ce monde.
-Très bien, alors j’attends de vos nouvelles.
-Je n’y manquerai pas. l’Empereur nous garde !

Je coupe la communication. Marcus et Ophilia ont répété mes derniers mots en les criant, les officiers de l’Adeptus Arbites les répètent à leur tour. Tout le monde a l’air déterminé, professionnel et effroyablement tendu. J’ai une idée.

-Vos âmes, c’est votre affaire, l’âme de vos armes, c’est la mienne. Présentez-les-moi pour qu’elles reçoivent enfin le respect qu’elles méritent.

Toutes les armes sont tendues vers moi. Je passe la main sur chacune d’entre elles et je récite le Catéchisme de la Machine.

-Par ta force, tu me protèges,
Par mes soins, je te répare,
Par l’huile consacrée, j’apaise ta colère,
Esprit de la Machine, sois serein,
Accepte ma bénédiction

Ophilia a l’air particulièrement attentive. Il faut dire que lors du dernier échange de tir, son fusil d’assaut s’est enrayé au moment où un mercenaire lui sautait dessus.

Marcus me présente un pistolet laser réglementaire de la flotte impériale. Sans fioriture ni extravagance, c’est une arme que je ne l’ai jamais vu utiliser en dehors d’un stand de tir.

Mes deux partenaires me regardent du coin de l’œil.
Elle tue. Il parle aux gens. Je répare ce qu’ils cassent.
Je trouve que nous formons une équipe efficace.

L’élévateur arrive enfin à destination.

Les portes s’ouvrent et nous surgissons sur la plateforme d’arrivée. Le personnel de sécurité est présent en force. Nous sommes arrivés sans prévenir qui que ce soit, la surprise est totale. Marcus brandit sa rosette et réquisitionne tous les gardes.

Ophilia est partie devant, conformément au plan.

Le récital a déjà commencé. La voix magnifique de la cantatrice résonne au travers de tous les hauts parleurs de la ville.

Notre groupe d’intervention court dans les couloirs de l’auditorium en direction des loges officielles. Chaque cordon de sécurité est franchi de la même façon : on tente de nous arrêter, nous brandissons nos rosettes, les gardes se mettent au garde à vous et nous leur ordonnons de nous suivre. Une vraie cavalcade sur un air d’opéra.

Nous arrivons enfin devant la loge du gouverneur planétaire.

Le lieutenant qui nous accompagne s’apprête à toquer à la porte. Marcus l’interrompt avec un sourire pincé. A moi de jouer.

Je me mets en face de la porte, encadrée par des officiers en armure carapace armés du lourd fusil à pompe de l’Adeptus Arites. La voix de la cantatrice monte d’un ton. Je prends une large inspiration et j’enfonce la porte d’un coup de pieds.

-Inquisition ! Que personne ne bouge !

Dire que j’ai créé un effet de surprise serait un euphémisme. Le gouverneur fantoche reste pétrifié, incapable de se lever ni même d’articuler un son audible. Le visage de son conseiller tourne à l’écarlate. A côté d’eux, il y a même des dames vêtues de robes hors de prix qui s’évanouissent.

Je me tourne vers le traître.

-Conseiller Orlov ! Au nom de ma maîtresse l’Inquisitrice Carmington, je vous arrête pour hérésie !

Derrière moi, les Arbites investissent la loge. L’intervention n’est pas particulièrement discrète et bizarrement, ça n’empêche pas la cantatrice de chanter. Je jette un coup d’œil rapide sur la scène en contrebas. Elle se tient debout, les bras écartés et elle chante comme si de rien n’était.

La voix d’Orlov me ramène à ma préoccupation principale.

-Ce sont des imposteurs ! N’écoutez pas ces traitres, ils ne font pas partie de l’Inquisition !

J’ai une rosette à triple encodage rubicond qui prouve que je travaille pour l’Inquisition, mais au milieu de cette salle de concert, c’est vrai que c’est un élément de preuve difficilement exploitable pour des agents de la loi sans cyber-implants. Je constate que certains d’entre eux ont l’air de vaciller et tournent vers leur officier un regard interrogateur.

Marcus va leur expliquer. Marcus explique mieux les choses que moi. Moi, j’expose des faits et personne ne les comprends alors que Marcus, lui, il raconte des histoires et les gens les trouvent crédibles.

La voix de la cantatrice monte encore d’un ton, mais cette fois-ci, quelque chose a changé. La beauté du chant laisse la place à quelque chose de plus discordant, plus brutal. Et tout à coup, des murmures se font entendre.

La vague psychique balaye la salle d’un coup alors que la cantatrice dévoile son chant corrompu. Mes electro-synapses font leur office et filtrent l’effet de saturation. A côté de moi, un officier de l’Arbites tombe à genoux, la tête entre les mains. De nombreux spectateurs commencent à pousser des cris alors que la panique s’installe.

Le conseiller Orlov profite de la cohue pour passer par-dessus la balustrade et se laisser tomber dans la salle. Vu la hauteur, il s’est sans doute fait mal mais il va bien falloir le rattraper.

Je bondis sur la rambarde et je me jette dans le vide à mon tour. Je récite la litanie d’activation en lingua technis et je sens tout de suite la chaleur de ma réserve énergétique interne qui se libère d’un coup. Mes semelles crépitent à cause de l’électricité statique et je commence à surfer en spirale pour descendre dans la salle.

Au-dessus de moi, Marcus s’est lui aussi précipité vers la balustrade. De là, il tend la main vers la scène et tout à coup, la cacophonie cesse. Je ne sais pas ce qu’il a fait et à vrai dire, je ne suis pas certaine d’avoir envie de savoir, mais la salle est plongée dans un silence total et irréel.

Alors que je glisse sur les courants magnétiques, j’essaye de jeter un coup d’œil autour de moi.

Dans la salle, les spectateurs ont toujours l’air paniqués : ceux qui sont en possession de leurs moyens tentent de fuir alors que d'autres sont encore sous le choc de l’attaque psychique.

Sur la scène, la cantatrice semble toujours en train de chanter mais je ne l’entends plus. Vu sa tête, elle n’a pas l’air contente de voir l’effet de son chant ainsi affaibli. Son mécontentement se mue en surprise quand la première balle la frappe en pleine poitrine. Elle reste debout, interdite, alors qu’une autre balle la frappe, suivie d’une autre, et d’encore une autre.

Au-dessus de moi, depuis les passerelles techniques qui courent au plafond, Ophilia est en train de vider son chargeur sur la diva. Nul besoin de silencieux, la sphère de silence de Marcus étouffe complètement le son de son arme. Seuls les éclairs de ses tirs permettent de distinguer la tireuse dans la pénombre.

La cantatrice s’écroule sur la scène alors que je m’écroule sur le conseiller Orlov. Ce dernier tente de sortir un pistolet laser d’apparat. Je lui enfonce mon bâton au niveau des côtes et j’active la décharge d’énergie. Il tressaute et s’évanouit.

Le son revient peu à peu mais il s’agit surtout de cris de paniques et de hurlements.

La scène est devenue un véritable bain de sang. Une partie des musiciens se tient recroquevillée de terreurs alors que d’autres continuent de jouer de façon frénétique. L’imprésario de la diva, complètement paniqué, bondit sur la scène en appelant au calme.

Il tourne le dos aux musiciens quand ces derniers commencent à se tordre et se déformer. Ils finissent par disparaître et laisser place à des créatures inhumaines dont la seule apparence pue le warp. Elles crient, ondulent et agitent les pinces difformes qui ont remplacées leurs mains. Dans un hurlement de délice, elles déchirent l’impressario de leur pince et descendent dans la salle pour commencer à massacrer le public.

Je n’y connais pas grand-chose en sorcellerie et autres horreurs du warp, mais si ce concert n’était pas une invocation alors je ne sais pas ce que c’était.

Marcus m’a rejoint dans la salle et Ophilia est en train de recharger son arme. Vu que les créatures démoniaques sont au cœur de la foule, elle ne va pas pouvoir leur tirer dessus sans faire de victimes. Elle jette un œil vers nous et nous hochons la tête. C’est ça où une invasion du warp dans la réalité, nous n’avons pas le choix.

Ophilia reprend le tir, appuyée par les officiers de l’Adeptus Arbites qui ont enfin retrouvé leur cohésion. Marcus tend la main et foudroie une des créatures avec un de ses éclairs psychique. Nous avons attiré leur attention.

Les créatures se jettent sur Marcus en bondissant par dessus les rangées de sièges. Elles semblent voler autant qu’elles courent et leurs mouvements sont difficiles à suivre. Mon système de lévitation magnétique est toujours actif, j’en profite pour bondir sur un dossier et m’interposer.

Je fais un moulinet de bâton et je suis prête à les accueillir.

J’ai passé mon enfance à jouer avec des bâtons mais celui que je tiens n’a pas grand-chose à voir avec les bâtons que j’utilisais pour mener les troupeaux quand j’étais gamine. Celui-là dispose d’une cellule énergétique à chaque extrémité et j’ai déjà neutralisé des hommes de deux fois mon poids avec lui.

En l’occurrence, vu la taille des pinces de ces créatures, je vais plutôt me concentrer sur l’idée de rester en vie. Pour compenser avec leur vitesse, je lance un calcul de trajectoires pour mes parades. Le silicium prend le relai : de la faiblesse de l’esprit, Omnimessie, sauve-moi.

La première bête tente de me cisailler la tête, mais un moulinet de bâton dévie son coup.
La seconde veut atteindre Marcus mais elle doit reculer quand mon arme vient crépiter devant son visage.
La troisième bondit sur moi mais se fait cueillir en plein vol par une rafale d’Ophilia.

Elles ne sont plus que deux et elles semblent surprises que je leur résiste. Encore un coup de pince que je dévie sur le côté et Marcus réplique, faisant disparaitre la créature dans un nouvel éclair d’énergie.

J’entends le lieutenant de l’Adeptus Arbites ordonner d’ouvrir le feu.

Seule l’électronique me permet de me jeter à terre à temps avant qu’une quinzaine de tir de fusils à pompes ne viennent volatiliser le dernier démon.

Les armes à feu finissent par se taire et je me redresse dans la fumée et les débris. Marcus se tient à côté de moi, la main tendue, crépitante d’énergie psychique. De son perchoir, Ophilia scrute la salle, prête à faire feu.

Le déferlement de violence a été brutal et fulgurant. Autour de nous, des spectateurs en état de choc pleurent ou essayent de fuir comme ils peuvent. L’Adeptus Arbites tente de reprendre le contrôle de la situation mais ce n’est plus notre affaire.

J’attrape Orlov par le col et je vérifie qu’il respire encore.
Marcus donne des ordres pour faire arrêter les derniers musiciens de la suite de la cantatrice.
La fête est terminée.