mardi 24 décembre 2013

Joyeux Noël


C'est le 24 : joyeux Noël à tous.
J'espère que vous avez été sage.


Je reviens bientôt avec la fin du résumé de l'aventure à Amastris et le début d'une campagne de Bloodlust. Mais tout ça, ça sera après notre déménagement...

Et une fois que j'aurais fini de manger le cheesecake à la framboise avec sa meringue italienne =)










jeudi 12 décembre 2013

Pathfinder - La Nécropole d'Amastris 3

L'affrontement



Le groupe reprit sa progression dans les ténèbres.
Les indications de la dernière goule gardienne les a mené à un portail gardant l'entrée d'une partie inexplorée des catacombes.

-La porte est piégée, remarqua Kryxès.
-Je peux animer un élémentaire pour qu'il ouvre la porte à notre place, suggéra Damia.

Phoebé resserra la prise sur son bouclier.

-La goule a dit que l'inconnue était dans les lieux depuis plusieurs heures, nous n'avons pas le temps, dit-elle avant d'ouvrir la porte.

Les ossements qui constituaient le mur explosèrent, projetant un nuage d'échardes effilées. Le bouclier ne suffit pas : Phoebé sentit la douleur irradier dans ses jambes et constata de multiples blessures qu'elle s'attela à refermer d'un passage de la main.

Le minotaure la dépassa et entreprit de franchir les décombres.
De l'autre côté de l'obstacle se trouvait une pièce exiguë dont la sortie était gardée par deux créatures monstrueuses dotées de six bras.  Elles se tenaient de part et d'autre d'une nouvelle porte et demeuraient figées, profitant de la configuration des lieux pour présenter face à elles un rempart de lames.

-Qu'est-ce que c'est que ça, demanda Kryxès ?

Damia observa les deux sentinelles :

-Je n'ai jamais rien vu de tel.
-Moi non plus, enchérit Phoebé tout en invoquant sa déesse, mais elles sont clairement maléfiques.

Kryxès chargea sans d'avantage de cérémonie et le combat s'engagea, bref et violent. Les lames s'abattaient à toute vitesse mais Damia avait lancé un sort de hâte sur ses compagnons et le minotaure rendait coup pour coup.
Les créatures mourrurent sans un bruit et le chemin fut bientôt dégagé.

Une nouvelle crypte s'ouvrait devant eux.
A la différence des autres salles qu'ils avaient explorées, celle-ci avait des dimensions difficiles à aprécier car une brume baignait les lieux.

Malgré leur lumière magique et la vision nocture du minotaure et de la bastet, le groupe dut s'avancer à taton pour tenter de voir si la pièce était occupée. Et ils furent complètement pris à dépourvu quand l'attaque survint.

La mort tomba du plafond, sous la forme d'une créature insaisissable, rapide et dont la première attaque vicieuse trouva sans peine le défaut de la cuirasse de Kryxès.

Le minotaure se retrouva à terre, se vidant de son sang, et Phoebé se couvrit de son bouclier d'une main pendant que de l'autre elle incantait déjà un sort de soin.

Damia lança son familier dans la mêlée mais leur adversaire semblait avoir été renforcé par des sortilèges.
A l'occasion d'une passe d'arme, la lumière du bouclier de Phœbé éclaira le visage de la créature et tous reconnurent un rat-garou.

Une fois réanimé par le sort de soin, Kryxès put se relever alors que Phœbé tentait de bloquer les attaques de leur adversaire.

Universellement considérés comme les créatures les plus abjectes que l'on puisse imaginer dans les sous-terrains d'une cité volante, les rats garous se distinguaient selon la croyance populaire par leur esprit retors et leurs embuscades meurtrières. Celui-ci ne dérogeait pas au stéréotype : il se jouait sans peine des attaques de Kryxès, bondissant hors de la trajectoire de la hache de bataille.

Phoebé ne rencontrait pas d'avantage de succès mais le minotaure et elle profitèrent de la fureur du combat pour se déplacer lentement et finalement prendre la créature en tenaille. Même ainsi, ils fallut un long moment d'indécision avant que la supériorité numérique ne finisse par jouer en leur faveur.

Un coup porta, puis un autre. Bien que blessé, le métamorphe semblait bien décidé à combattre jusqu'au bout. Comme il avait déjà reçu plusieurs coups de haches et que Kryxès avait reprit le dessus, Phœbé décida de prêter d'avantage d'attention au reste de la pièce.

Le fond de la crypte semblait plongé dans une brume plus épaisse et plus impénétrable. Le phénomène lui sembla suspect et elle rompit le combat avec le rat-garou pour courir vers l'inconnu. Elle éclairait son chemin de son bouclier mais ne pouvait pas voir plus loin que la longueur de son bras.

Dire qu'elle trouva la prêtresse nécromante serait exagéré : elle lui tomba littéralement dessus en courant à l'aveuglette dans la brume. L’intruse ne devait pas avoir d'avantage de moyens de voir au travers de son sort de dissimulation car elle sembla tout aussi surprise que Phoebé. Cette dernière bouscula la prêtresse d'un coup de bouclier et plaça sa lame sous sa gorge.

-Si je te vois incanter, je t'envoies rejoindre celui que tu sers, qui qu'il soit.

L'inconnue poussa un cri de frayeur et la brume s'envola, dissipée par magie.
Kryxès et Damia avait finit par triompher du rat-garou dont le cadavre avait recouvré sa forme humaine d'origine.

Phœbé continua à menacer la prêtresse du bout de son kopis. Celle-ci était une jeune humaine vêtue d'une simple robe noire. Elle avait trouvé refuge dans une alcove qu'elle avait camouflée grâce à une brume de dissimulation magique, sans doute pour masquer sa présence et protéger une étrange statuette qui était à côté d'elle.

Damia se pencha sur l'objet et se rendit compte qu'il s'agissait de la statuette d'une créature à l'allure terrifiante, et dont les six bras rappelaient les gardiens qu'ils avaient du affronter pour pénétrer dans la dernière crypte.

Kryxès remarqua des décombres devant le mur du fond et en allant les déblayer, il constata que la statuette était en fait arrivée dans les lieux en traversant le plafond. Ils tenaient là l'explication de la pluie d'étoiles filantes qui avait fait trembler la cité et provoquer tous ces dégâts : une collection de statuettes maléfiques inconnues chutant des cieux, l'une d'entre elle frappant Amastris de plein fouet et finissant sa course dans ses catacombes.

Phoebé rafermit sa prise sur sa prisonnière.

-Quel est ton nom ? Pourquoi cherchais tu cette effigie ?

La prêtresse écarquilla les yeux, mais en guise de réponse elle fut secouée par un spasme et s'écroula, foudroyée.
Phoebé se précipita sur la captive pour tenter de la soigner mais il était déjà trop tard. Un rire sinistre se fit entendre comme un écho, sans qu'on ne parvienne à en discerner l'origine.

L'ambiance macabre qui pesait comme une chape de plomb sur les cryptes s'évanouit peu à peu et le grattement incessant des morts dans leurs caveaux prit fin. Le maléfice qui avait frappé la nécropole d'Amastris s'estompait et les morts purent retourner à leur repos.

Damia, Kryxès et Phœbé se dévisagèrent, interdits. A leurs pieds se tenait la statuette qui irradiait du mal le plus pur et ils allaient sortir de ces cryptes avec d'avantages de questions qu'en y entrant.









lundi 9 décembre 2013

Intérieur Cuir - Batman

J'ai découvert aujourd'hui un groupe amateur qui gagne à être connu : Intérieur Cuir.
Et il se trouve qu'un des musiciens joue à ma table de Mutants & Masterminds. Vous le reconnaitrez facilement, c'est celui qui a un masque de catch (ho wait).

Sa façon de jouer a-t-elle été influencée par les scènes d'une bouleversante intensité que j'ai été amené à lui faire vivre ?
Le fait de côtoyer des super-héros dans un univers fictif l'a-t-il amené à confondre imaginaire et réalité ?
Quelles terribles angoisses cherche-t-il à dissimuler sous son masque de luchador ?

Seule Mireille Dumas pourrait répondre à ces questions, en attendant, voici leur clip : Batman.




Moi, je suis fan =)





dimanche 8 décembre 2013

M&M - Introduction de la seconde partie.

La première partie de la campagne a débuté par la scène cinématique dans le bureau du Président de la République.
La seconde partie a elle aussi débuté par une cinématique, mais dans un contexte moins prestigieux.




Intermède au plateau d'Albion



Blizzard est prisonnière de l’équipe de l’INRS mais son quartier de détention est confiné par mesure de sécurité.

La vérité est qu’elle n’est pas du tout retenue à l'Institut place pour empêcher Eversmann de remettre facilement la main sur elle.

C distille l’information de la position de Blizzard au compte-goûte pour identifier un traitre éventuel dans son équipe. Ce n’est donc qu’au bout de quelques jours qu’on leur apprend que la détenue est incarcérée dans le Vaucluse, à la Base aérienne 200 d’Apt-Saint-Christol, un site plus connu pour sa qualité d'ancienne base de lancement de missiles balistiques du Plateau d’Albion.

Les personnages désirant interroger Blizzard peuvent être conduits sur place à la demande ou, plus simplement, on peut leur proposer de visionner les vidéos des interrogatoires menés par la DGSE et l'Institut.

On voit une pièce mal éclairée, une lumière qui tombe sur les épaules d’une femme dont le visage reste de marbre.
Un officier de la DGSE lui pose des questions.

-Vous étiez en Irak lors de la crise de Fao, comment avez-vous pris le contrôle de la population ?
-Vous étiez sous les ordres de Von Eversmann, nous savons qu’il vise les sites magiques, quel est son prochain plan ?

Mais la russe reste silencieuse.
L’officier range ses papiers.

-J’aurai aimé que vous soyez plus coopérative.

Central apparait dans le champ de la caméra. 
Il prend place alors que l'officier de la DGSE quitte les lieux.

-Détendez-vous, cela n’est douloureux que si vous résistez. Prenez une grande inspiration et regardez-moi dans les yeux.

Le russe a des soubresauts et s’apprête à hurler, mais finalement, elle ouvre la bouche et se met à parler. En même temps qu’elle parle, Central parle aussi et dit la même chose, comme si leurs esprits étaient connectés et partageaient les mêmes pensées.

"Je m’appelle Roza Chanina.
Je suis née le 3 avril 1924 à Ledma, dans la région d’Arkhangelsk en Union Soviétique.
Je travaille pour Friedrich Von Eversmann, qui ouvre à la destruction de l’empire capitaliste décadent qui domine le monde depuis la chute du vrai communisme.
Nous avons été rejoints dans notre entreprise par de nombreux camarades qui vouent une haine à l’occident ou que nous payons car ils se se sont laissés séduire par le culte du fric.
Quelle que soit leur motivation, ce sont eux qui manœuvrent nos sous-marins et développent nos armes de libération du peuple.

Le projet Sea Launch visait à mettre en orbite les usines de nano-machines qui se seraient répandues dans l’atmosphère et auraient permis à Black Box, notre cyber combattante, de prendre le contrôle de vastes populations et de les pacifier le temps que leur libération soit totale.

A Ouistreham,  nous n’avons pas pu prendre le contrôle de toute la population, mais nos moyens se sont élargis depuis : l’opération de Fao était une validation du concept technologique du projet Black Box, le fait que nous en ayons profité pour obtenir les plans de l’armure développée par le Professeur C n’a été qu’un bonus.

En détruisant Sea Launch, vous n’avez fait que retarder l’inéluctable : tant que le camarade Eversmann contrôlera Black Box, il aura toutes les cartes de la victoire en sa possession. Il n’a qu’à trouver un moyen de répandre les nano machines pour prendre le contrôle de tous les pantins à la solde du capitalisme.

Le ver est déjà dans le fruit, alors que vous me détenez prisonnière, d’autres, dans vos rangs, œuvrent à l’arrivée du Grand Soir. Les relations d’Eversmann sont nombreuses et puissantes et nous permettent de frapper où nous voulons, y compris au cœur de votre précieux réseau tellurique afin de détourner sa puissance que vous vous réservez jalousement. Même parmi les mages de France il se trouve des individus suffisamment clairvoyants pour se rendre compte que l’avenir appartient au peuple.

Avec leur aide, bientôt, toute cette énergie magique sera en notre pouvoir et nous permettra de mettre à bas ce système où les riches maintiennent les travailleurs en esclavage ! Et le camarade Eversmann s’est bien gardé de me révéler leur identité pour que je ne la communique pas à des porcs de ton espèce !"

La femme est parcourue de tremblement et, alors, qu’elle parle, des larmes de mettent à couler le long de ses joues.
Dans un cri de rage, elle parvient à se libérer de l'hypnose.
Quand Central s’écarte finalement, elle s’effondre en pleurant.

-Tu es un monstre, dit-elle tentant de reprendre son souffle.

Central la regarde sans émotion et répond.

-A Fao, il y a 25000 irakiens qui pensent la même chose de vous.

Il quitte la pièce sous les injures en russe.

jeudi 5 décembre 2013

M&M - Scénario 6.3 - La routine habituelle : The Ace of Spades

Avec The Ace of Spades, on touche à le fin des trois scénarios intercalaires entre la première et la seconde partie.
On touche aussi à la limite des parties par mail : ça ne marche que si tout le monde répond.

En l’occurrence, avec un joueur qui ouvre sa boîte mail tous les 15 jours, c'est compliqué : il a fallu finir la partie de AoS en vraie partie avant de commencer le scénario suivant.

C'est la limite récurrente des parties de jeu de rôle en ligne : dès qu'il y a une interaction entre plusieurs joueurs, tout le monde va à la vitesse du plus lent.
Là, je n'ai pas trop eu de soucis : chacun des scénarios étant indépendant les uns des autres, le retard de l'un ne retardait pas les autres.



Scénario 6.3

La routine habituelle : The Ace of Spades


Préambule (secret)


La Cabale noire n’a pas trop bien digéré la mort du nécromancien qui aidait à l’ouverture du portail de Ouistreham.
La conspiration décide de muscler le ton avec le reste du collège hermétique, et veut commencer en s’en prenant aux fouineurs.
Pour ce faire, Charles-Henri attend que Pentacle travaille toute seule à la BNF, ils l’attaque, la neutralise, puis utilise son portable pour faire venir Ace et le tuer.
Avant qu’il n’arrive, il dissimule Pentacle et prend son apparence.

Le vrai préambule est un peu plus long que ça mais en l'état, le groupe n'a aucune idée de pourquoi Pentagramme a été neutralisée sans être tuée et pourquoi le tueur s'est donné autant de mal.



Depuis qu'un hélicoptère vous a ramené de la Mer du Nord, trois jours se sont écoulés.
La femme que l'équipe B a appréhendée sur la plateforme a été placée au secret sur ordre du Professeur C.
Un étage entier de l'institut est bouclé, des mesures de sécurité drastiques ont été prises afin d’empêcher que se reproduise l'incident de la garde à vue d'Emilie Couturier.
L'équipe B est au repos pour le moment, c'est Central qui s'occupe de l'interrogatoire.
Profitant du temps libre, The Ace of Spades en profite pour se produire dans les cabarets de Paris avec des cachets qui sont revus sans cesse à la hausse.
La soirée s'est bien déroulée, tu as fait salle comble.
Après avoir disparu de la scène dans un nuage de fumée, tu es passé dans ta loge et tu as constaté que ton iPhone projetait en hologramme multicolore une notification d'e-mail.
Impressionné par les retouches de Data, tu consultes l'e-mail.
Il vient dePentagramme et il est laconique comme à l'accoutumée :

Je touche au but concernant Ouistreham, 
RDV asap à la bibliothèque

Le message a été envoyé il y a un quart d'heure seulement, tu es dans le XVème arrondissement.
Rejoindre la BNF à cette heure-ci, c'est un saut de puce qui devrait te prendre 20 minutes avec ta moto, 15 si tu as du talent. A moins que tu ais d'autres projets ?

Génial !
Je regarde le téléphone sous toutes ses faces pour vérifier qu'il a encore une tête d'iPhone.
"Si seulement ils en embauchaient des comme lui chez Apple..."

C'est parti pour la bibliothèque, mais je fais un petit détour pour voir si j'ai des fans sexy qui m'attendent.
Si ce ne sont que des ados boutonneux et des petites vielles qui veulent me raconter leur vie, je leur refais le coup du final et disparais dans un nuage de fumée.

Pas la peine de rouler vite.
J'ai beau bosser pour le gouvernement, je n'ai pas l'impression que le Professeur C aura très envie de me faire sauter des PV.

A la sortie, il y a quelques midinettes de 16 ans qui ont lu le dernier article qui t'était consacré dans Closer.
Elles sont accompagnées de leurs parents.
Après avoir complaisamment signés quelques autographes, tu prends la poudre d'escampette, au sens propre.
Tu prends la moto et, comme tous les parisiens, tu contemples les bouchons nocturnes de la ville tout en te maudissant de ne pas avoir tourné à tel ou tel embranchement.
Heureusement, grâce à ta moto, tu arrives bon port dans un délai raisonnable.

A la BNF, il y a quatre tours. Tu sais que Pentacle travaille le plus souvent au sommet de la Tour des Nombres.
Tu gares ton tonnerre mécanique dans un parking vide, tu traverses les cloisons que tu sais être factices et tu te retrouves à arpenter les couloirs vides de la bibliothèque.
Enfin, tu finis par arriver à l'endroit habituel.
Tu la vois en train de taper frénétiquement sur son clavier, manifestement absorbée par la tâche.
Les livres sont étalés pêle-mêle sur son bureau.
Il ne fait pas très clair, mais on voit bien la ville en contrebas.

Elle avise ta présence du coin de l’œil mais ne relève pas le nez de son écran : elle lève un index, dans une mimique qui semble vouloir te demander quelques instants de patience.

Ah oui ?

Bon, je vais donc passer le temps en adminrant la vue.
J'en profite pour voir quelle allure j'ai dans le reflet de la vitre.


Satisfait du rendu, je fantasme sur un nouveau numéro d'illusion grandeur nature où mon image 3D apparaîtrait dans les rues de Paris.
L'as de pique géant couperait le clocher de notre dame avec un lancer de carte magistral depuis le champ de Mars. Trop classe !

Au bout d'un moment, je saisis un livre au hasard et commence la lecture de la page ouverte.
Lorsque Pentagramme en finit avec son écran, je lève un index et lui retourne la même mimique, jouant le mec absorbé par sa lecture.
Bien sûr la plaisanterie est courte et je lui adresse un large sourire en reposant le livre.

En fait, avant même d'aller jeter un œil à la bibliothèque, alors que tu regardes dans la vitre, ton œil est attiré par un phénomène inhabituel : ton col de chemise n'est pas très bien ajusté.
Mettant cela sur le compte du trajet en deux roues, tu corriges ce point de détail en profitant de ton reflet dans la vitre et de la vue panoramique sur la ville.

A cette occasion, tu te rends compte que le pont de Tolbiac est complètement embouteillé à un point à peine imaginable quand on sait qu'il est une heure du matin.
A mieux y regarder, aussi loin que ton regard porte, il semblerait que tous les feux tricolores de la ville soient à l'orange clignotant.

Sans quitter la scène des yeux, j'annonce tout haut : 

-C'est pas bon pour les lignes telluriques, ça !

-Et qu'est-ce qu'on en a à foutre des lignes telluriques ?

Le regard plongé dans la nuit, tu es pris à l'improviste par une attaque qui vient de derrière.
Tout au plus une ombre dans la vitre, une forme obscure qui se jette vers toi à toute vitesse avant que tu ne soit projeté au travers de la baie vitrée.
Tu commences à tomber au milieu d'une pluie de verre brisé.
(la Tour des Nombres fait 79 mètres de haut)
 
Alors ça, je déteste !
Je crée un disque télékinétique pour me stabiliser dans les airs, puis attire autour de moi le plus d'éclats de verre possible.
En remontant à hauteur de la vitre défoncée, je me tiens prêt à balancer tout le verre dont je dispose dans la tronche du malotru qui a osé critiquer ma remarque pourtant si juducieuse.

Tu te stabilises comme tu peux sur ton disque de force.
Ton dos irradie de douleur et il est possible que t u saignes.
Il est aussi possible que ton costume soit ruiné.
En remontant dans un nuage de dagues de verre prêtes à l'emploi, tu peux voir qu'une forme sombre semble t'attendre.
Tu peines à identifier ses contours : il s'agit d'avantage d'une ombre que d'une personne, et elle semble armée d'une faux.
Tu sais reconnaitre une créature magique invoquée quand tu en voies une et il semblerait que celle-là soit contrôlée directement par un marionnettiste qui doit se tenir en retrait à l'intérieur de la tour.

C'est là que l'échange de mail s'est arrêté.
La fin a donc été jouée de façon classique autour d'une table avant qu'on ne débute le scénario suivant.

La scène d'Ace of Spades s'est donc terminée ainsi :

En voyant la forme spectrale, il a constaté que Pentagramme, les traits déformés par un sourire sadique, était en train de contrôler la marionnette. Ace s'est alors dit qu'il allait l'attaquer depuis la sécurité des airs.

Mais manque de chance, le spectre s'est envolé vers lui.

Constatant la précarité de sa position, Ace s'est alors téléporté à l'intérieur de la BNF, quelques étages plus bas.
Là, il a repris son souffle et envisagé de contacter l'Institut. Il n'en a finalement rien fait car la position du siège des mages est un secret, même pour le Professeur C.

Il a aussi tenté de contacter d'autres mages et il s'est alors rendu compte de sa pauvreté en matière de contacts au sein du collège hermétique.

Ses recherches ont été interrompues par des bruits de cloisons défoncées : le spectre avait retrouvé sa trace et se frayait un chemin au travers des murs pour l'achever. C'est alors que la lumière lui est venue (et que j'en suis voulu d'avoir laissé une telle ouverture)

"Mais s'il est à cet étage, ça veut dire que le marionnettiste doit être tout seul là haut"

Il s'est téléporté dans la salle de rendez-vous avec Pentagramme pour s'appercevoir qu'elle était au debout au milieu de la pièce, manifestement surprise de le voir débarquer de nulle part et complètement prise au dépourvu.

La suite s'imagine aisément : un magicien capable de retourner un char Abrams dans une ruelle irakienne est tout à fait capable d'enfoncer une magicienne de 60 kg dans un mur. La confrontation s'est donc soldée en moins d'un tour.

Dans le fracas du coup de poing télékinétique, la Pentagramme que Ace a frappée s'est donc retrouvée projetée contre une porte avant de s'écrouler, sonnée. Elle a alors changé d'apparence pour prendre les traits d'un binoclard un peu chétif au teint blafard.

Dans la pièce révélée par la destruction de la porte, Ace a alors trouvé la véritable Pentagramme, évanouie et entravée par une chaîne en fer froid. Il a ainsi pu la libérer et la sortir en la portant comme un véritable prince charmant.





Epilogue

Le mage qui a agressé Pentagramme et tenté de tuer Ace n'est pas mort.
Mais le premier constat des mages du collège, quand ils finissent par arriver, est que cet agresseur est complètement inconnu au bataillon.

Dans l'heure qui a suivi, les mages du collège l'ont donc réanimé avant de commencer à lui poser des questions.

Ace a pu voir une vidéo de l'interrogatoire mené par des mages du feu.

Les questions qu'ils lui ont posées ont tout d'abord porté sur son nom et d'où il tenait les pouvoirs de nécromancie interdite qu'il avait utilisé.
L'inconnu a répondu :

-Je m'appelle Charles-Henri et mes pouvoirs m'ont été enseignés par ma maîtresse, la très puissante Vivia... 

Et sa tirade s'est arrêtée là car il a convulsé, sa tête s'est retournée en arrière et ses yeux ont commencé à saigner. Il est mort en quelques instants dans des cris de souffrance. Sur la vidéo, on a très nettement entendu un rire de femme résonner.
    

lundi 2 décembre 2013

M&M - Scénario 6.2 - épilogue

L'INRS est encore secoué par la visite spectaculaire du Lieutenant Hattaway.
Toussaint Sauveterre et le Professeur C ont eu une rapide explication sur le toit et les commandos sont en train de fouiller les locaux de fond en comble.

Au septième niveau, le système anti-incendie a été rapidement maîtrisé : tout le matériel est plongé dans un mélange de plâtre, de gravats et d'eau. L'éclairage chancelant révèle les impacts de balles et les débris de verre. 

Alors que Toussaint parcourt les décombres à la recherche de ce qui peut subsister de ses recherches, il remarque que l'écran de son ordinateur ne s'est pas éteint.




Le message a été laissé une dizaine de minutes plus tôt. Il dit, en chinois simplifié : "je reviendrai"

dimanche 1 décembre 2013

M&M - Scénario 6.2 - La routine habituelle : Toussaint Sauveterre

La suite des scénarios intermédiaires individuels.
Cette fois-ci, c'est au tour de Toussaint Sauveterre.

C'est au cours de ce scénario qu'a débuté la réflexion autour de son personnage, coincé entre le super scientifique et le super militaire.
Il faut dire que c'était pas parti gagnant : j'ai assez de culture hollywoodienne pour imaginer le rôle d'un super militaire, autant je ne suis pas sur d'avoir le talent de MJ nécessaire pour laisser une véritable place à un super scientifique.

Quand le joueur m'a demandé de concevoir et produire en un round, alors que le personnage sortait de sédation, un armement anti-blindage / détecteur d'invisibilité / capable d'inoculer des maladies mortelles pour hacker des armures organiques, je me suis dit que j'étais pas le seul à avoir du mal à cerner le concept.







Scénario 6.2

La routine habituelle : Toussaint Sauveterre


Prologue (secret)

Le lieutenant Carmen Hattaway a été envoyée par l’UCT pour tenter de rétablir l'histoire dans son cour normal.
Elle a été envoyée dans le passé après les deux premières tentatives infructueuses effectuées avec des condamnés : Toussaint Sauvetrre et Friedrich Von Eversmann.
Elle devait être projetée en 1918, mais, pour une raison inconnue d’elle, ça n’a pas fonctionné.
Par contre, contrairement aux deux premiers, la technologie ayant été perfectionnée, elle a été transférée avec du matériel lourd.

Elle se retrouve donc en 2013 et, en pénétrant dans les réseaux informatiques, trouve trace des deux condamnés, mais ne parvient à localiser que Toussaint.

Après réflexion, elle fait un choix dans les options de sa mission.
Ses ordres sont de ramener Eversmann pour qu'ils finisse de purger sa peine dans le futur. Concernant Toussaint, il a été condamné à mort par contumace pour avoir saboté le projet de voyage temporel, les preuves établissant qu'il l'a fait afin de s'évader.

Hattaway est une descendante de Mistral. Elle a une armure Jaguar Mk3 harmonisée avec son pouvoir de techno-manipulation : les brouilleurs optiques la rende complètement invisible tant qu’elle ne passe pas à l’attaque. Cette invisibilité s’étend même dans le spectre infrarouge.
Elle dispose aussi de balles anti-mutagène spéciales, afin d’empêcher Toussaint ou Friedrich de régénérer.


Depuis qu'un hélicoptère vous a ramené de la Mer du Nord, trois jours se sont écoulés.
La femme que l'équipe B a appréhendée sur la plateforme a été placée au secret sur ordre du Professeur C.
Un étage entier de l'institut est bouclé, des mesures de sécurité drastiques ont été prises afin d’empêcher que se reproduise l'incident de la garde à vue d'Emilie Couturier.
L'équipe B est au repos pour le moment, c'est Central qui s'occupe de l'interrogatoire.

Profitant du temps libre, Toussaint se repenche sur ses projets scientifiques : laissant le projet de vaccin contre le vampirisme de côté, il se concentre sur les nanomachines de Fao...
Enfermé seul dans le laboratoire confiné de chimie du 7eme sous-sol, tu étudies les prélèvements réalisés en Irak.
Pour progresser plus vite dans tes recherches, tu fais réaliser les calculs les plus importants par les serveurs de l'institut.
Tu es donc, comme souvent, en discussion en parallèle avec Data, l'informaticien, qui veille au bon fonctionnement de l'infrastructure informatique.

Tu ne sais pas d'où viennent les noms ridicules qu'il donne à ses serveurs, mais il est la seule personne qui parvienne à discuter aussi vite que toi quand votre conversation se déroule par informatique interposée, et pour une fois, ça fait du bien de ne pas avoir besoin de ralentir.

La porte du laboratoire s'ouvre dans un soupir d'air comprimé.
Comme ton poste de travail fait face au sas, tu lèves les yeux de ton écran pour voir qui entre.
Mais personne ne rentre, la porte transparente semble s'être ouverte toute seule.

(jet d'insight réussi)
Il faut badger dans le laboratoire, donc normalement, la porte ne peut pas s'ouvrir toute seule.

Sans me lever de mon siège, je fais apparaître ma tenue de combat (NDR : je dis gg discrétion). Une fois le casque apparu, j'enclenche sa fonction de "vision thermique" en comptant sur la résistance aux illusions de la machine pour contrer une éventuelle invisibilité de vampirique ou surnaturelle. Ceci fait, toujours sans bouger, je prends quelques instants pour examiner la pièce.

Les différents filtres de perception thermiques et radar s'enchainent, tout ce qui pourrait être détectable devrait être détecté.
Mais la pièce est toujours vide, tu ne vois rien de particulier.
Cependant, même si tu ne saurais le jurer, tu crois entendre des soupirs de vérins hydrauliques.
Ce n'est pas un bruit inhabituel dans un laboratoire, mais en l’occurrence, tu n'arrives pas à les reconnaître.
Dans la fenêtre de discussion, Data continue, inconscient de tes inquiétudes


Continuant à faire celui qui n'a rien remarqué (NDR : ben voyons, avec une armure de combat), je tape "Tu devrais passer prendre le café pour qu'on en parle. Amène du monde. Sarah Connor ou le Prof par exemple"
Je me demande si quelqu'un a équipé la nouvelle Mistral d'un système furtif?

Les technologies de camouflage optique en 2013 n'affectent que le spectre infrarouge et elles sont incroyablement énergivores : en gros, en 2013, on arrive à dissimuler un tank à la thermographie en le recouvrant de dalles qui fonctionnent comme des frigo inversés.
Mais ça ne rend pas le tank invisible à l’œil nu ! ça le dissimule juste à la thermographie.
Cette réflexion ne te prend qu'un dixième de secondes, pendant ce temps, tu peux constater que Data a lancé une routine de vérification de ses systèmes.


Tu n'as pas le temps de te réjouir de l'arrivée des sucrettes car dans ton dos, quelqu'un t'adresse la parole en novlangue, la langue du trentième siècle.

-Unité de Contrôle Temporel, les mains sur la tête ou je tire !

Entendre ta langue natale est surprenant, mais aussi inquiétant.
La voix féminine est métallique, manifestement rediffusée par un haut-parleur.
L'accent trainant fait d'avantage penser à un sujet du Neo-Commonwealth qu'à un citoyen de l'Union Panafricaine, mais ces deux nations sont alliées et l'unité de contrôle temporel est un organisme commun.
Tu entends aussi le bruit aigu caractéristique du blaster chargé en énergie.

L'ensemble des éléments à ta disposition te fait penser à une armure furtive Jaguar mk3, telle qu'on en trouve au XXXeme siècle chez les pilotes d'armures "harmonisés" du Neo Commonwealth.
Niveau de dangerosité : très élevé.
La voix insiste. 

-Les mains sur la tête !

Je lève les mains et fait lentement pivoter ma chaise pour essayer de regarder derrière moi. 

-Vous savez que votre insigne me donnera plus envie de me rendre que votre arme. Désactivez vos protocoles furtifs et prouvez votre identité avant que les Néandertaliens du coin débarquent et que votre opération tourne au fiasco.

Un tir de blaster accueille ta requête. (round de surprise lié aux mains en l'air, dodge réduite à cause de la position assise, tir en puissance)
Heureusement, il était réglé en mode non létal, tu te retrouves immobile sur ton siège, les membres tétanisés.
ça ne t'interdit pas de prendre la parole, mais tu sais qu'il faudra une bonne minute pour récupérer une mobilité.

-On m'a mise en garde contre vos belles paroles. Je suis ici pour respecter le règlement, et il est assez précis concernant les repris de justice, les saboteurs et les traîtres.

Tu ne peux toujours pas voir ton interlocutrice, mais le ton de sa voix est très dur.
Dans le coin de ton oeil, l'écran de ton ordinateur continue à s'animer.

(au tour suivant, tu as l'initiative sur elle, mais tu ne peux que parler)



-Le règlement? Je suis dans cette époque en mission, je ne représente aucune menace et vous tirez sans somation? Ils vont adorer ça, vos patrons de l'UCT... Surtout quand le CAFE ! va arriver et que vous allez transformer votre arrestation en guerre trans-temporelle. Et ce n'est pas votre CAMOUFLAGE qui va vous dissimuler aux yeux de mon CAFE ! 

Si j'ai un temps soit peu de contrôle musculaire a la fin de ma tirade, je me laisse tomber de mon siège afin de ne plus être devant l'ordi.

Tu essayes de t'agiter et tu parviens à tomber de ta chaise de façon peut digne, mais au moins, tu n'es plus à proximité immédiate de l'écran.

Tout à coup, tu te sens assez faible.
Tu ne saurais pas l'expliquer, mais pour la première fois depuis longtemps, tu ne te sens pas aussi jeune qu'un garçon de 20 ans et le poids des années pèse sur tes épaules.
Tu ne sais pas trop ce qu'elle t'a fait, mais on dirait que tes pouvoirs sont comme inhibés. 

-Je ne fais pas ça de gaieté de coeur Commandeur, mais nul n'échappe à la justice, et je ne fais qu’exécuter les ordres. Vous n'auriez pas du gâcher votre seconde chance en détruisant les installations du Cap.

Tu ne sais pas de quoi elle parle. Les installations du Cap sont celles que tu as utilisées pour revenir dans le passé, mais tu n'as rien détruit.
Un hologramme bleu apparait devant toi, il s'agit d'un texte de justice portant le sceau électronique d'un tribunal militaire.

-Commandeur Toussaint Désiré Sauveterre, vous avez été cité à comparaître devant le tribunal militaire de New Johanesbourg sous l’accusation de complot, sabotage d’installations militaires, modification du continuum temporel en association avec une entreprise terroriste. Le 29 Janvier 2920, la cour, au nom du peuple de l’Union Panafricaine et du Neo-Commonwealth, vous a condamné à mort, à exécution immédiate.

Le 29 janvier 2920 correspond à deux années après ton départ dans le passé.
Ton interlocutrice vient donc du futur par rapport à toi : un futur de deux ans.

-Conformément au règlement, je suis tenue de vous demandez si vous avez une dernière déclaration avant exécution de la sentence.

Et tu entends le grésillement caractéristique du blaster qui passe en mode létal.

(jets de perception, derrière l'écran)
Aucun renfort n'a l'air de se profiler à l'horizon.
L'écran continue à clignoter




J'essaie de faire durer une tirade pendant au moins les 9 secondes qui manquent pour que l'ordi reboot. 

-Je n'ai pas détruit les installations du Cap. J'ai quitté notre époque en 2918. Je n'ai pas pu commettre le crime dont vous m'accusez. Je n'ai pas non plus assisté à mon procès. Si vous disposez d'une capsule temporelle, vous pouvez au moins me ramener à notre époque pour que je puisse me défendre face à une accusation infondée. Si l'Union Panafricaine a été attaquée DEUX ANS après mon départ pour le XXe siècle, me tuer maintenant n'est ni un acte de justice ni une action de sécurité nationale : le coupable est toujours en liberté. Il faut me ramener dans le futur. Au pire, la sentence sera confirmée et j'aurais au moins la satisfaction de mourir chez moi et les hommes du XXe siècle ne mettront pas la main sur mon matériel génétique et mon équipement dont la technologie n'a pas encore été découverte.

-Croyez bien que ça ne me fait pas plaisir Commandeur, mais je n'ai de la place que pour un seul prisonnier et cette place est réservée à Friedrich Von Eversmann. Il n'a pas pu rectifier l'incident R, mais lui au moins n'a pas laissé une bombe derrière lui après avoir été envoyé dans le passé. Il a échoué dans sa mission, mais il ne l'a pas transformée en tentative d'évasion temporelle, lui ! Il retournera donc en prison, une fois que nous en aurons fini avec les formalités ici.

Elle s'arrête dans sa tirade, comme si son attention s'était reportée sur autre chose.

-Les gardes semblent tenir à vous, mais j'ai peur qu'ils ne soient pas en mesure de forcer leurs propres sas de sécurité qui se sont refermés sur eux.


-Les autorités de cette époque ont eu affaire a von Eversmann. Même avec mon aide, ils n'en sont pas venu a bout. Il est en train de comploter pour tirer parti de l'incident R. Si vous êtes la pour l'arrêter, je vous propose de reporter mon exécution et de travailler ensemble pour en venir a bout. J'en profiterai pour savoir pourquoi je suis condamné à mort, sans procès, pour un crime que je n'ai pas commis. Je crois que vous avez prouvé que je ne pouvais pas vous échapper. Autant profiter de mes contacts et de ma connaissance de cette époque pour mener a bien votre mission. En bonus, vous n'aurez pas a affronter et tuer les résidents de ce bâtiment, qui sont plutôt de gens bien. Qu'en dites-vous ? Vous reportez mon exécution, je vous aide a arrêter von Eversmann et a élucider cette affaire d'attentat, vous m’exécuterez si vous en avez encore besoin. Les deux ou trois mois que vous allez perdre ici sont imperceptibles de l'autre cote de la faille temporelle... 

Ta tirade sur le complot de Von Eversmann semble avoir suspendue le geste de ton interlocutrice l'espace d'un instant.
Ton ordinateur se met alors à bipper, tu sens l'armure sur toi se redresser, sans doute pour consulter ton écran. 

-Il redémarre ? Mais il va tuer ses circuit bio-moléculaires ! 

Tu souris intérieurement, parce que tu as fait la même erreur à tes débuts dans ce laboratoire.
Au XXXeme siècle, les ordinateurs ont des circuits de micro-organismes pour s'auto-alimenter en énergie et accélérer les calculs : on ne les éteint donc jamais sinon on "tue" son ordinateur.
Au XXIeme siècle, l'énergie vient d'une centrale électrique et on la conduit par câble, ce qui est préhistorique, mais permet de redémarrer ses ordinateurs autant qu'on le désire, notamment quand on identifie un problème (ce qui arrive souvent).
Apparemment, ton exécutrice n'a pas pris cet élément en compte quand elle a hacké l'INRS.

-Ho merde...

Et à ce moment, l'alarme générale se déclenche et une explosion retentit à l'étage.
De ta position tu ne peux pas voir, mais ça semble venir de la cage d'ascenseur.
Tu entends aussi les ordres de Le Bolzec.

-Alpha en pointe ! Bravo, en appui ! Au rapport !
-Alpha, pas de visuel !
-Bravo, pas de visuel !
-Plan Bleu !

Normalement, ils sont silencieux comme des vrais professionnels alors qu'aujourd'hui, ils hurlent : tu en déduis que les communications radio doivent être coupées.

Images intégrées 3Avant que tu ne puisses faire quoi que ce soit, une rafale d'arme automatique se fait entendre, un bruit de verre cassé, et, dans un moment qui te parait irréel, un objet bleu traverse ton champs de vision.
Tes réflexions déroulent moins vite depuis que tu as été neutralisé, mais un souvenir fait surface où, debout dans le bureau de Le Bolzec, tu lui expliques qu'en cas de nécessité, il peut tirer, tu te relèveras toujours car tu es immortel.
L’inhibiteur de pouvoir qu'on vient de t'injecter te fait considérer cet échange sous un jour nouveau.

Tu commences à retrouver un usage limité de tes membres supérieurs, mais guère d'avantage.

Images intégrées 2
Voici le plan de ton étage :

Actuellement, tu es à terre entre deux bancs d'essai en H.
Les ascenseurs sont en C. Les parois des laboratoires H et I ainsi que les sas B sont transparents, comme il se doit.
G et F sont des salles d'archives et des bureaux.
A représentent de grandes armoires à dossier.
E une salle de réunion et D l'espace café. 

En pensant "on va à la guerre avec les super-pouvoirs qu'on a, pas avec ceux qu'on voudrait avoir", je rampe entre les bancs d'essai (en espérant qu'ils me couvriront un peu de l'explosion/de la peinture bleue) en direction du sas B. 
Si mes comms sont revenues avec ma tenue de combat, je crie :  

-armure de combat du XXXe siècle en mode furtif dans le labo H ! C'est le moment de tout arrêter avant que ça dégénère ! 

Je ne me rends pas bien compte de la distance que je peux couvrir en un tour en rampant, donc je pars du principe que je n'arrive pas à sortir de la salle avant la fin du tour. Si j'ai le temps, j'essaie d'avancer vers l'ascenseur le plus proche: les gars de Le Bolzec pourront m'évacuer parce que, pour l'instant, je ne suis qu'un poids mort.

Dans ton oreillette, le professeur C te répond.

-Data vient d'arriver en courant, je descends tout de suite.

Tu essayes de ramper mais très vite tu es stoppé par le poids considérable de l'armure de combat qui s'est jetée sur toi.
Tu ne saurais pas dire si elle cherche à t’arrêter ou te protéger de la grenade.
Heureusement pour toi, ton intuition ne t'a pas menti : c'est n'est pas une grenade offensive.
Mais ce n'est pas une grenade à peinture non plus.
Quand elle détone, la grenade expulse un nuage de plâtre qui blanchi le laboratoire.
Maculée de blanc, l'armure devient visible.
Tu peux d'ailleurs voir que les optiques de son casque sont aussi recouvertes de plâtre, et donc que la pilote ne doit rien y voir du tout. 

-Des armes à feu et du plâtre, ils commencent à me fatiguer les primitifs.

Son casque s'ouvre dans un soupir, elle se redresse et arrose les commando marines avec son blaster à répétition en mode paralysant.
N'attendant pas la riposte, elle plonge à terre après avoir renversé un banc d'essai et te tire vers elle.
Derrière vous, les balles de P90 crépitent.
Puis tout se tait.

La voix du professeur C se fait entendre.

-Qui que vous soyez, vous êtes ici en infraction des articles 413-2, 5, 6 et 7 du code pénal régissant les zones protégées intéressant la défense nationale. Rendez-vous immédiatement et il ne vous sera fait aucun mal, résistez et nous aurons recours à la force.

Pendant ce temps, la pilote d'armure recharge.
Tu peux distinguer un nom sur sa poitrine : LTN C. HATTAWAY
Elle marmonne.

-Et en plus je comprends rien à ce qu'ils racontent, on m'avait dit que la langue du XXIeme siècle, c'était le chinois. 

-Vous voyez bien que vous n’êtes préparée pour mener votre mission a terme. Les hommes qui vous tirent dessus sont eux aussi censés arrêter von Eversmann. Bref, tout le monde perd son temps et vous feriez mieux d’arrêter tout avant de tuer l’ancêtre de quelqu'un d'important et de créer un paradoxe temporel. 

Si son casque est relevé, je vois son visage et elle n'a plus de protection a priori. Si c'est le cas, je fais exploser une grenade flash. Sa sera toujours ça de pris.  (NDR : le côté Jack Bauer refait surface, toujours quand on s'y attend pas)

Effectivement, tu vois le visage de la pilote et effectivement, elle ne dispose plus des filtres de son casque.
Profitant que son attention soit concentrée sur les commandos, tu lui lances ta capsule flash au visage.
L'explosion la cueille par surprise et, à entendre le cri de douleur, elle semble avoir eu de l'effet.
Son casque se referme immédiatement et tu te prends un coup de poing empoussiéré de blanc en plein visage.
Elle l'a sans doute ajusté comme elle pouvait mais à cette distance et avec ton engourdissement, elle ne pouvait pas plus te louper qu'elle ne pouvait éviter la grenade.
Le coup de poing assisté par servo-verrin a lui aussi beaucoup d'effet sur toi, et tu roules dans les décombres.
Tu as le gout de ton propre sang dans ta bouche car a priori, elle t'a cassé une dent.
De son côté, elle essaye de se redresser mais n'y parvient pas.

-Et dire que j'ai failli marcher dans votre histoire. On m'avait bien dit de ne pas vous écouter.

Le système anti-incendie se déclenche, plongeant le laboratoire sous un déluge d'eau. 

Si je ne peux pas me lever je crache un peu de sang sur le casque et lui dit 

-Si vous tuez un seul de ces hommes, vous aurez affaire a moi.

Tu restes affalé dans la douleur et l'anesthésie.
La pilote ne semble guère aller mieux du fait de ta grenade incapacitante.
Vous formez un duo pathétique au milieu des ordinateurs éventrés, des appareils détruits, des meubles renversés, du verre brisé et des impacts de balles.

L'eau qui continue à couler en torrents sur l'armure Jaguar est en train d'enlever la poussière blanche.
Peu à peu, elle redevient invisible

-Quelle grandeur d'âme. Les 187 civils qui étaient sur le pont que vous avez fait sauter auraient aimé ne pas avoir affaire à vous. Le véritable danger pour ces indigènes, c'est Toussaint Sauveterre, pas moi.


Tu entends un chargement d'énergie, le bruit sec d'une détente hydraulique puis le plafond s'écroule sur toi.
Le choc est assourdissant, tu n'entends pas Le Bolzec ordonner à ses hommes de venir te tirer de là.
Quand tu reprends tes esprits après quelques secondes de flottement, tu t’aperçois qu'il y a un gros trou dans le plafond, ainsi que dans le plafond de l'étage au dessus.
Des commandos marines sont en train de s'assurer que tu vas bien, d'autres braquent le trou.
Tu entends Le Bolzec crier, mais le son de sa voix est étouffé. 

-Elle s'est barrée par le cinquième, bouclez le périmètre ! Et que quelqu'un coupe la flotte !

Je prends quelques secondes pour me relever. Dans mon communicateur, je fais un point avec Data et C.  

-Un agent temporel venu du XXXe siècle pour m'arrêter est actuellement dans le bâtiment. Elle s'appelle Hattaway et travaille pour les forces de l'ordre, dispose d'une armure de combat sans équivalent à votre époque et parle le Mandarin. Elle n'est pas une ennemie, mais n'hésitera pas à faire feu si attaquée. 

-Mor-Tel ! est la réponse de Data à ton rapport. 

Je prends le temps de saluer Le Bolzec avant de foncer dans les escaliers à la poursuite d'Hattaway en espérant que mes pouvoirs reviennent. 

J'essaie aussi de réfléchir à un moyen de court-circuiter son armure suffisamment longtemps pour l'appréhender sans la blesser. 

Si j'ai bien compris, son système embarqué est en partie vivant. Et si je fabriquais un "virus" bio-organique, peut être en utilisant une souche virale d'une maladie qui existerait au XXIe siècle, mais aurait été éradiquée au XXXe siècle ? On est à l'Institut Curie après tout donc je dois pouvoir mettre la main sur une seringue d'ebola ou, plus bêtement, du sida, avec un projectile de haute densité pour passer son blindage, je peux peut être attaquer son OS...

Tes réflexions ne défilent pas aussi vite que tu en as l'habitude, mais ça s'améliore doucement.
Il y a bien une couche bio-organique dans les armures Jaguar, mais ce type d'équipement étant un secret militaire d'une autre nation que la tienne, tu ne saurais même pas le localiser à l'intérieur de l'armure. 

Néanmoins, la possibilité d'une arme virale, bien qu'interdite par toute les convention du XXIeme siècle, te semble une piste scientifiquement valable. Cependant, elle ne règle pas le problème de la détection de l'armure et tu sais que les défenses de systèmes de classe militaire sont évolutives.

Tu arrives devant la cage d'escalier voisine des ascenseurs pour constater que deux commando marine t'emboitent le pas.
Ils ont la main sur leur oreillette et viennent de recevoir un ordre.
Malgrès cela, ça continue de crier.

-La cage du deuxième vient d'exploser.
-Verrouillez l'étage carcéral !
-Elle continue à monter !

Tu peines à garder le rythme des deux commando marine, mais tu continues à grimper les étages quatre-à-quatre.
Dans ton dos Le Bolzec arrive en courant, il est accompagné d'un homme qui porte une arme anti-char en bandoulière.

-On monte à l'héliport, activez !

Je pourrais trouver un moyen de diffuser, dans le système de ventilation d' l'Institut, un virus adapté uniquement à son OS embarqué : ça règlerait le problème du blindage sans risquer de blesser les personnels et, faute d'informatique embarquée, elle ne pourrait plus utiliser son mode furtif pendant quelque temps. Ceci étant, j'imagine qu'il me faudrait plus que quelques secondes pour mettre au point une arme de ce genre.
En revanche, je pourrais aussi bidouiller des lampes torches pour qu'elles projettent un type de rayonnement particulier, une sorte de lumière noire que son armure ne pourrait pas compenser instantanément. Je pars du principe que le mode furtif joue sur la réflexion de la lumière, mais c'est une hypothèse. 
Contrairement à la solution "arme chimique" il me semble que c'est le genre de truc que je peux improviser rapidement.
Par ailleurs, puisque je pense qu'elle écoute nos radios, je m'adresse directement à elle : 

-Je n'ai pas fait sauter les installations du Cap. Ma mission devait rendre le monde meilleur, à quoi cela me servirait-il si je ne pouvais plus rentrer à mon époque pour en profiter ? Votre opération est en train de tourner au désastre exactement comme la mienne. Arrêtez les hostilités et discutons : il y a ici des gens qui traquent van Eversmann depuis des décennies et vous avez besoin de leur aide. Croyez moi, il sera beaucoup plus dur à appréhender que moi.

Ta longue tirade dure tout le long de ton ascension vers l'héliport.
Tu fais la liste mentale des objets dont tu vas avoir besoin pour ton projet de munition virale, ou de projecteur anti-camouflage, mais la plupart de ces éléments sont dans les étages inférieurs.

De toutes façons, porté par l'élan des commando, tu finis ton ascension à bout de souffle. Tu avales les dernières marches menant au sommet du bâtiment et tu ouvres la dernière porte en prononçant tes derniers mots.

-...il sera beaucoup plus dur à appréhender que... moi.

Au milieu du pas de décollage, tu vois un trou dans le sol semblable à celui qui était au plafond de ton laboratoire.
Derrière ce trou, un hélicoptère est couché sur le côté, les pales formant une antenne grotesque.

Et devant ce désastre, contemplant l'horizon, se trouve le Professeur C qui recrache nerveusement la fumée d'une cigarette.
Sans se retourner, elle annonce d'une voix chargée d'une colère contenue.

-Elle est loin, c'est loupé pour cette fois. Capitaine, faites fouiller l'intégralité du bâtiment. Quand ce sera fait, recommencez. Data, assurez vous que vous avez le contrôle de votre infrastructure.

Elle tire une dernière taffe de sa cigarette, puis désintègre son mégot entre ses doigts avant de se tourner vers toi en adoptant un ton plus calme.

-Et bien monsieur Sauveterre, une petite amie éconduite dont vous auriez oublié de nous parler ?


FIN





PS : Parce que j'écris pas que des conneries

Article 413-2 du code pénal
Le fait, en vue de nuire à la défense nationale, d'entraver le fonctionnement normal du matériel militaire est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende.
Est puni des mêmes peines le fait, en vue de nuire à la défense nationale, d'entraver le mouvement de personnel ou de matériel militaire.

Article 413-5 du code pénal
Le fait, sans autorisation des autorités compétentes, de s'introduire frauduleusement sur un terrain, dans une construction ou dans un engin ou appareil quelconque affecté à l'autorité militaire ou placé sous son contrôle est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende.

Article 413-6 du code pénal
Le fait, en vue de nuire à la défense nationale, d'entraver le fonctionnement normal des services, établissements ou entreprises, publics ou privés, intéressant la défense nationale, est puni de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende.

Article 413-7 du code pénal
Est puni de six mois d'emprisonnement et de 7 500 euros d'amende le fait, dans les services, établissements ou entreprises, publics ou privés, intéressant la défense nationale, de s'introduire, sans autorisation, à l'intérieur des locaux et terrains clos dans lesquels la libre circulation est interdite et qui sont délimités pour assurer la protection des installations, du matériel ou du secret des recherches, études ou fabrications.
Un décret en Conseil d'Etat détermine, d'une part, les conditions dans lesquelles il est procédé à la délimitation des locaux et terrains visés à l'alinéa précédent et, d'autre part, les conditions dans lesquelles les autorisations d'y pénétrer peuvent être délivrées.