Voilà un bout du premier scénario de Dark Heresy. Je vias le poser là pour motiver le MJ à continuer sa campagne.
C'était très sympa à jouer, je suis sûr que le reste sera du même tonneau.
La plateforme commence à s’élever. Elégante et luxueuse, elle glisse dans un soupir mais je sens ses rouages en mouvement et le flux de l’énergie qui l’anime.
C'était très sympa à jouer, je suis sûr que le reste sera du même tonneau.
La plateforme commence à s’élever. Elégante et luxueuse, elle glisse dans un soupir mais je sens ses rouages en mouvement et le flux de l’énergie qui l’anime.
Je sens aussi la peur autour
de moi.
Une trentaine d’officiers de l’Adeptus
Arbites nous accompagne et depuis que nous leur avons agité nos rosettes
inquisitoriales sous le nez, ils sont nerveux.
Chandra dessinée par Cryptcrawler |
Encore trois minutes d’ascension
et nous aurons atteint le sommet de la falaise et son auditorium. Là-haut, nous
allons trouver le conseiller Orlov, le dirigeant réel de cette planète et nous
allons l’arrêter pour hérésie.
Ça aussi ça doit les rendre
nerveux.
Je prends mon com-vox et je
balaye la fréquence à la recherche de celle du techno-prêtre du palais. Je lui
ai demandé de me mettre en communication avec le Serena’s Hope qui doit être en
orbite : j’espère qu’il a fini par y arriver. Le bruit de statique s’estompe
et j’entends la voix de Severus Decaine, le Libre-Marchand qui nous a amené ici
-Ici Decaine, j’écoute.
-Seigneur Decaine, ici Novia,
j’ai un service à vous demander.
-Encore ?
-Rassurez-vous Seigneur, normalement,
ça ne devrait pas impliquer de destruction de matériel cette fois. Enfin, pas le
vôtre en tous cas.
-Je plaisantais, quel service
puis-je rendre à l’Inquisition aujourd’hui Techno-Prêtresse Novia ?
-Pouvez-vous déplacer votre
croiseur en orbite au-dessus de la ville et vous préparer à la raser par
bombardement orbital je vous prie ?
Un silence tombe aussi dans la
cabine de l’élévateur, tout le monde me regarde.
Si seulement j’avais mon
masque.
-Vous… vous me demandez de
bombarder une planète ?
-Correction : je vous
demande de vous préparer à le faire. Si vous n’avez pas de nos nouvelles dans
une heure, c’est que l’hérésie aura commencé à se répandre et seule une frappe
massive pourra encore sauver ce monde.
-Très bien, alors j’attends de
vos nouvelles.
-Je n’y manquerai pas. l’Empereur
nous garde !
Je coupe la communication.
Marcus et Ophilia ont répété mes derniers mots en les criant, les officiers de
l’Adeptus Arbites les répètent à leur tour. Tout le monde a l’air déterminé, professionnel
et effroyablement tendu. J’ai une idée.
-Vos âmes, c’est votre
affaire, l’âme de vos armes, c’est la mienne. Présentez-les-moi pour qu’elles
reçoivent enfin le respect qu’elles méritent.
Toutes les armes sont tendues
vers moi. Je passe la main sur chacune d’entre elles et je récite le Catéchisme
de la Machine.
-Par ta force, tu me protèges,
Par mes soins, je te répare,
Par l’huile consacrée, j’apaise
ta colère,
Esprit de la Machine, sois
serein,
Accepte ma bénédiction
Ophilia a l’air
particulièrement attentive. Il faut dire que lors du dernier échange de tir, son
fusil d’assaut s’est enrayé au moment où un mercenaire lui sautait dessus.
Marcus me présente un pistolet
laser réglementaire de la flotte impériale. Sans fioriture ni extravagance, c’est
une arme que je ne l’ai jamais vu utiliser en dehors d’un stand de tir.
Mes deux partenaires me
regardent du coin de l’œil.
Elle tue. Il parle aux gens. Je répare ce qu’ils cassent.
Je trouve que nous formons une
équipe efficace.
L’élévateur arrive enfin à
destination.
Les portes s’ouvrent et nous
surgissons sur la plateforme d’arrivée. Le personnel de sécurité est présent en
force. Nous sommes arrivés sans prévenir qui que ce soit, la surprise est
totale. Marcus brandit sa rosette et réquisitionne tous les gardes.
Ophilia est partie devant,
conformément au plan.
Le récital a déjà commencé. La
voix magnifique de la cantatrice résonne au travers de tous les hauts parleurs
de la ville.
Notre groupe d’intervention
court dans les couloirs de l’auditorium en direction des loges officielles.
Chaque cordon de sécurité est franchi de la même façon : on tente de nous
arrêter, nous brandissons nos rosettes, les gardes se mettent au garde à vous
et nous leur ordonnons de nous suivre. Une vraie cavalcade sur un air d’opéra.
Le lieutenant qui nous accompagne
s’apprête à toquer à la porte. Marcus l’interrompt avec un sourire pincé. A moi
de jouer.
Je me mets en face de la
porte, encadrée par des officiers en armure carapace armés du lourd fusil à
pompe de l’Adeptus Arites. La voix de la cantatrice monte d’un ton. Je prends
une large inspiration et j’enfonce la porte d’un coup de pieds.
-Inquisition ! Que
personne ne bouge !
Dire que j’ai créé un effet de
surprise serait un euphémisme. Le gouverneur fantoche reste pétrifié, incapable
de se lever ni même d’articuler un son audible. Le visage de son conseiller
tourne à l’écarlate. A côté d’eux, il y a même des dames vêtues de robes hors
de prix qui s’évanouissent.
Je me tourne vers le traître.
Je me tourne vers le traître.
-Conseiller Orlov ! Au
nom de ma maîtresse l’Inquisitrice Carmington, je vous arrête pour hérésie !
Derrière moi, les Arbites
investissent la loge. L’intervention n’est pas particulièrement discrète et
bizarrement, ça n’empêche pas la cantatrice de chanter. Je jette un coup d’œil rapide
sur la scène en contrebas. Elle se tient debout, les bras écartés et elle
chante comme si de rien n’était.
La voix d’Orlov me ramène à ma
préoccupation principale.
-Ce sont des imposteurs !
N’écoutez pas ces traitres, ils ne font pas partie de l’Inquisition !
J’ai une rosette à triple
encodage rubicond qui prouve que je travaille pour l’Inquisition, mais au
milieu de cette salle de concert, c’est vrai que c’est un élément de preuve difficilement
exploitable pour des agents de la loi sans cyber-implants. Je constate que
certains d’entre eux ont l’air de vaciller et tournent vers leur officier un
regard interrogateur.
Marcus va leur expliquer.
Marcus explique mieux les choses que moi. Moi, j’expose des faits et personne
ne les comprends alors que Marcus, lui, il raconte des histoires et les gens
les trouvent crédibles.
La voix de la cantatrice monte
encore d’un ton, mais cette fois-ci, quelque chose a changé. La beauté du chant
laisse la place à quelque chose de plus discordant, plus brutal. Et tout à
coup, des murmures se font entendre.
La vague psychique balaye la
salle d’un coup alors que la cantatrice dévoile son chant corrompu. Mes electro-synapses font leur office et filtrent l’effet de saturation. A côté de
moi, un officier de l’Arbites tombe à genoux, la tête entre les mains. De
nombreux spectateurs commencent à pousser des cris alors que la panique s’installe.
Le conseiller Orlov profite de
la cohue pour passer par-dessus la balustrade et se laisser tomber dans la
salle. Vu la hauteur, il s’est sans doute fait mal mais il va bien falloir le
rattraper.
Je bondis sur la rambarde et je
me jette dans le vide à mon tour. Je récite la litanie d’activation en lingua
technis et je sens tout de suite la chaleur de ma réserve énergétique interne
qui se libère d’un coup. Mes semelles crépitent à cause de l’électricité
statique et je commence à surfer en spirale pour descendre dans la salle.
Au-dessus de moi, Marcus s’est
lui aussi précipité vers la balustrade. De là, il tend la main vers la scène et
tout à coup, la cacophonie cesse. Je ne sais pas ce qu’il a fait et à vrai
dire, je ne suis pas certaine d’avoir envie de savoir, mais la salle est
plongée dans un silence total et irréel.
Alors que je glisse sur les courants
magnétiques, j’essaye de jeter un coup d’œil autour de moi.
Dans la salle, les spectateurs
ont toujours l’air paniqués : ceux qui sont en possession de leurs moyens tentent de
fuir alors que d'autres sont encore sous le choc de l’attaque psychique.
Sur la scène, la cantatrice
semble toujours en train de chanter mais je ne l’entends plus. Vu sa tête, elle
n’a pas l’air contente de voir l’effet de son chant ainsi affaibli. Son
mécontentement se mue en surprise quand la première balle la frappe en pleine
poitrine. Elle reste debout, interdite, alors qu’une autre balle la frappe,
suivie d’une autre, et d’encore une autre.
Au-dessus de moi, depuis les
passerelles techniques qui courent au plafond, Ophilia est en train de vider
son chargeur sur la diva. Nul besoin de silencieux, la sphère de silence
de Marcus étouffe complètement le son de son arme. Seuls les éclairs de ses tirs
permettent de distinguer la tireuse dans la pénombre.
La cantatrice s’écroule sur la
scène alors que je m’écroule sur le conseiller Orlov. Ce dernier tente de
sortir un pistolet laser d’apparat. Je lui enfonce mon bâton au niveau des côtes
et j’active la décharge d’énergie. Il tressaute et s’évanouit.
Le son revient peu à peu mais
il s’agit surtout de cris de paniques et de hurlements.
La scène est devenue un
véritable bain de sang. Une partie des musiciens se tient recroquevillée de
terreurs alors que d’autres continuent de jouer de façon frénétique. L’imprésario
de la diva, complètement paniqué, bondit sur la scène en appelant au calme.
Il tourne le dos aux musiciens
quand ces derniers commencent à se tordre et se déformer. Ils finissent par disparaître
et laisser place à des créatures inhumaines dont la seule apparence pue le
warp. Elles crient, ondulent et agitent les pinces difformes qui ont remplacées
leurs mains. Dans un hurlement de délice, elles déchirent l’impressario de leur
pince et descendent dans la salle pour commencer à massacrer le public.
Je n’y connais pas grand-chose
en sorcellerie et autres horreurs du warp, mais si ce concert n’était pas une
invocation alors je ne sais pas ce que c’était.
Marcus m’a rejoint dans la
salle et Ophilia est en train de recharger son arme. Vu que les créatures
démoniaques sont au cœur de la foule, elle ne va pas pouvoir leur tirer dessus
sans faire de victimes. Elle jette un œil vers nous et nous hochons la tête. C’est
ça où une invasion du warp dans la réalité, nous n’avons pas le choix.
Ophilia reprend le tir,
appuyée par les officiers de l’Adeptus Arbites qui ont enfin retrouvé leur
cohésion. Marcus tend la main et foudroie une des créatures avec un de ses
éclairs psychique. Nous avons attiré leur attention.
Les créatures se jettent sur
Marcus en bondissant par dessus les rangées de sièges. Elles semblent voler autant qu’elles
courent et leurs mouvements sont difficiles à suivre. Mon système de lévitation magnétique
est toujours actif, j’en profite pour bondir sur un dossier et m’interposer.
Je fais un moulinet de bâton
et je suis prête à les accueillir.
J’ai passé mon enfance à jouer
avec des bâtons mais celui que je tiens n’a pas grand-chose à voir avec les
bâtons que j’utilisais pour mener les troupeaux quand j’étais gamine. Celui-là
dispose d’une cellule énergétique à chaque extrémité et j’ai déjà neutralisé
des hommes de deux fois mon poids avec lui.
En l’occurrence, vu la taille
des pinces de ces créatures, je vais plutôt me concentrer sur l’idée de rester
en vie. Pour compenser avec leur vitesse, je lance un calcul de
trajectoires pour mes parades. Le silicium prend le relai : de la
faiblesse de l’esprit, Omnimessie, sauve-moi.
La première bête tente de me
cisailler la tête, mais un moulinet de bâton dévie son coup.
La seconde veut atteindre
Marcus mais elle doit reculer quand mon arme vient crépiter devant son visage.
La troisième bondit sur moi
mais se fait cueillir en plein vol par une rafale d’Ophilia.
Elles ne sont plus que deux et
elles semblent surprises que je leur résiste. Encore un coup de pince que je
dévie sur le côté et Marcus réplique, faisant disparaitre la créature dans un
nouvel éclair d’énergie.
J’entends le lieutenant de l’Adeptus
Arbites ordonner d’ouvrir le feu.
Seule l’électronique me permet
de me jeter à terre à temps avant qu’une quinzaine de tir de fusils à pompes ne
viennent volatiliser le dernier démon.
Les armes à feu finissent par
se taire et je me redresse dans la fumée et les débris. Marcus se tient à côté
de moi, la main tendue, crépitante d’énergie psychique. De son perchoir,
Ophilia scrute la salle, prête à faire feu.
Le déferlement de violence a
été brutal et fulgurant. Autour de nous, des spectateurs en état de choc
pleurent ou essayent de fuir comme ils peuvent. L’Adeptus Arbites tente de
reprendre le contrôle de la situation mais ce n’est plus notre affaire.
J’attrape Orlov par le col et
je vérifie qu’il respire encore.
Marcus donne des ordres pour
faire arrêter les derniers musiciens de la suite de la cantatrice.
La fête est terminée.