J'ai fini de rédiger le background de mon perso à Dark Heresy.
Je vais faire comme d'habitude et le poser ici :
-Déclinez votre identité
Mon chronomètre interne m'indique que je suis restée assise sur ma chaise pendant trois heures et vingt-sept minutes avant que le silence ne soit brisé par la voix mécanique. Avant cela, le néant. J'ai sans doute été neutralisée par surprise en revenant des archives.
-Je suis une servante de l'Adeptus Mechanicus, je ne déclinerai mon identité que si vous représentez une autorité qui peut prétendre à la connaître.
La pièce est plongée dans le noir et on m'a retiré mes optiques compensatrices. Pour autant que je puisse en juger, on m'a aussi ôter tout le reste : je n'ai plus mon masque en cuivre ni même ma chasuble. Trois heures et demi enchainée en sous-vêtements dans l'obscurité d'une chambre froide : je ne peux pas m’empêcher de claquer des dents et ça m'énerve.
La déformation de la voix m'indique qu'elle provient d'un système électroacoustique, je suis sans doute seule dans la pièce mais pas moyen d'en être certaine. Une lumière vive s'allume soudain, braquée sur mon visage, je ne peux que fermer les yeux.
Un cliquetis sur la table en acier se fait entendre devant moi, un objet vient d'y être déposé. J'ouvre péniblement les yeux et distingue un chapelet ainsi qu'un symbole accroché au bout, comme un porte bonheur.
A mieux y regarder, je reconnais ce symbole, c'est celui de l'Inquisition.
Et merde.
-Je m'appelle Novia Hétérodyne, Techno-prêtresse de l'Adeptus Mechanicus.
Je n'ai même pas réfléchi. Peut-être que ce symbole est faux, peut-être que ces types me mènent en bateau, mais je n'ai pas réfléchi : j'ai vu la rosette, je me suis mise à parler.
-Hétérodyne est votre nom ?
-Hétérodyne est le nom de mon monde d'origine. Je suis née dans une famille de serfs et les serfs n'ont pas de nom sur Hétérodyne, alors je suis désignée sous le nom de ma planète. On peut aussi m’appeler Novia Athenaeus 27 Alpha.
En même temps que je parle, j'essaye d’appréhender mon environnement. La lumière toujours braquée sur le visage, je n'y vois rien, mais ce chapelet ne s'est pas posé tout seul sur la table. Il doit y avoir quelqu'un ou quelque chose à côté de moi.
-Que signifie Athenaeus ?
-C'est le nom de mon maître : il a fait de moi son apprenta sur Hétérodyne. Je suis la vingt-septième apprenta à qui il ait transmis une partie de son considérable savoir.
-Pourquoi ne vous présentez-vous pas sous ce nom là ?
-Il m'en a donné la consigne.
-Pourquoi ?
J'essaye de m'éclaircir les idées mais j'y arrive à grand peine. Je sais pourquoi : j'ai peur.
On m'a assommée, enlevée et entravée et si ces gens sont bien ce qu'ils semblent être, je suis peut être sur le point d'être définitivement désactivée. La logique est le meilleur bouclier contre la peur, mes logi-implants s'activent emphatiquement : le silicium compense l'engourdissement de mes neurones et ma pensée se clarifie.
-J'anticipe un risque d'imprécision : veuillez reformuler votre question.
-Pourquoi votre maître vous a-t-il ordonné de ne pas mentionner son nom dans votre identification ?
-Je formule une hypothèse : il a voulu me protéger de ses rivaux au sein du Mechanicus.
-Il a des rivaux ?
-Affirmatif.
Un silence s'installe.
Je ne sais pas s'ils veulent que je complète ma réponse.
Ils veulent sans doute que je complète ma réponse.
Omnimessie, j'ai peur.
-J'ai une suggestion : désirez-vous que je développe ma réponse ?
Encore un silence.
Pourquoi j'ai dis ça ? Qu'est-ce qui m'a pris de dire ça ? Ils vont me tuer.
-Allez-y...
-Voici les informations complémentaires : Hétérodyne est un monde au niveau technologique antérieur à la poudre noire. Le fait qu'un Magos aussi éminent qu'Atheneus de Lathes y soit affecté était déjà une forme de bannissement. Le prétexte invoqué était de diriger les rituels de maintenance d'un titan de classe Chevalier Impérial prépositionné en défense de cette planète, mais ce n'était clairement pas une mission pour laquelle il était le plus adapté.
-Continuez.
-Je n'ai pas beaucoup d'autres informations immédiatement pertinentes.
-Vous affirmez que votre maître a fait l'objet d'une mesure disciplinaire de la part de ses propres maîtres : qu'a-t-il fait pour les mettre en colère ?
-Je formule un avertissement respectueux : des divergences philosophiques et théologiques l'ont opposé à d'autres Magos et ces rivalités ont eu pour conséquence sa mise à l'index. Vous détailler ces points de divergences nous amènerait à un exposé d'une durée minimum de quarante-sept minutes.
-Pouvez-vous fournir une version résumée ?
-Je vous présente un aveux d'impuissance : un tel résumé inclurait des omissions très importantes.
-Avait-il des pensées hérétiques ?
Hérétique ? Ils ont dit hérétique ? Empereur ayez pitié !
Je tente de répondre mais rien ne sort. Il faut que je reprenne le contrôle de ma voix, sinon je ne vais jamais arriver à parler.
Je vais faire comme d'habitude et le poser ici :
-Déclinez votre identité
Mon chronomètre interne m'indique que je suis restée assise sur ma chaise pendant trois heures et vingt-sept minutes avant que le silence ne soit brisé par la voix mécanique. Avant cela, le néant. J'ai sans doute été neutralisée par surprise en revenant des archives.
-Je suis une servante de l'Adeptus Mechanicus, je ne déclinerai mon identité que si vous représentez une autorité qui peut prétendre à la connaître.
La pièce est plongée dans le noir et on m'a retiré mes optiques compensatrices. Pour autant que je puisse en juger, on m'a aussi ôter tout le reste : je n'ai plus mon masque en cuivre ni même ma chasuble. Trois heures et demi enchainée en sous-vêtements dans l'obscurité d'une chambre froide : je ne peux pas m’empêcher de claquer des dents et ça m'énerve.
La déformation de la voix m'indique qu'elle provient d'un système électroacoustique, je suis sans doute seule dans la pièce mais pas moyen d'en être certaine. Une lumière vive s'allume soudain, braquée sur mon visage, je ne peux que fermer les yeux.
Un cliquetis sur la table en acier se fait entendre devant moi, un objet vient d'y être déposé. J'ouvre péniblement les yeux et distingue un chapelet ainsi qu'un symbole accroché au bout, comme un porte bonheur.
A mieux y regarder, je reconnais ce symbole, c'est celui de l'Inquisition.
Et merde.
-Je m'appelle Novia Hétérodyne, Techno-prêtresse de l'Adeptus Mechanicus.
Je n'ai même pas réfléchi. Peut-être que ce symbole est faux, peut-être que ces types me mènent en bateau, mais je n'ai pas réfléchi : j'ai vu la rosette, je me suis mise à parler.
-Hétérodyne est votre nom ?
-Hétérodyne est le nom de mon monde d'origine. Je suis née dans une famille de serfs et les serfs n'ont pas de nom sur Hétérodyne, alors je suis désignée sous le nom de ma planète. On peut aussi m’appeler Novia Athenaeus 27 Alpha.
En même temps que je parle, j'essaye d’appréhender mon environnement. La lumière toujours braquée sur le visage, je n'y vois rien, mais ce chapelet ne s'est pas posé tout seul sur la table. Il doit y avoir quelqu'un ou quelque chose à côté de moi.
-Que signifie Athenaeus ?
-C'est le nom de mon maître : il a fait de moi son apprenta sur Hétérodyne. Je suis la vingt-septième apprenta à qui il ait transmis une partie de son considérable savoir.
-Pourquoi ne vous présentez-vous pas sous ce nom là ?
-Il m'en a donné la consigne.
-Pourquoi ?
J'essaye de m'éclaircir les idées mais j'y arrive à grand peine. Je sais pourquoi : j'ai peur.
On m'a assommée, enlevée et entravée et si ces gens sont bien ce qu'ils semblent être, je suis peut être sur le point d'être définitivement désactivée. La logique est le meilleur bouclier contre la peur, mes logi-implants s'activent emphatiquement : le silicium compense l'engourdissement de mes neurones et ma pensée se clarifie.
-J'anticipe un risque d'imprécision : veuillez reformuler votre question.
-Pourquoi votre maître vous a-t-il ordonné de ne pas mentionner son nom dans votre identification ?
-Je formule une hypothèse : il a voulu me protéger de ses rivaux au sein du Mechanicus.
-Il a des rivaux ?
-Affirmatif.
Un silence s'installe.
Je ne sais pas s'ils veulent que je complète ma réponse.
Ils veulent sans doute que je complète ma réponse.
Omnimessie, j'ai peur.
-J'ai une suggestion : désirez-vous que je développe ma réponse ?
Encore un silence.
Pourquoi j'ai dis ça ? Qu'est-ce qui m'a pris de dire ça ? Ils vont me tuer.
-Allez-y...
-Voici les informations complémentaires : Hétérodyne est un monde au niveau technologique antérieur à la poudre noire. Le fait qu'un Magos aussi éminent qu'Atheneus de Lathes y soit affecté était déjà une forme de bannissement. Le prétexte invoqué était de diriger les rituels de maintenance d'un titan de classe Chevalier Impérial prépositionné en défense de cette planète, mais ce n'était clairement pas une mission pour laquelle il était le plus adapté.
-Continuez.
-Je n'ai pas beaucoup d'autres informations immédiatement pertinentes.
-Vous affirmez que votre maître a fait l'objet d'une mesure disciplinaire de la part de ses propres maîtres : qu'a-t-il fait pour les mettre en colère ?
-Je formule un avertissement respectueux : des divergences philosophiques et théologiques l'ont opposé à d'autres Magos et ces rivalités ont eu pour conséquence sa mise à l'index. Vous détailler ces points de divergences nous amènerait à un exposé d'une durée minimum de quarante-sept minutes.
-Pouvez-vous fournir une version résumée ?
-Je vous présente un aveux d'impuissance : un tel résumé inclurait des omissions très importantes.
-Avait-il des pensées hérétiques ?
Hérétique ? Ils ont dit hérétique ? Empereur ayez pitié !
Je tente de répondre mais rien ne sort. Il faut que je reprenne le contrôle de ma voix, sinon je ne vais jamais arriver à parler.
-Je proteste : l'Adeptus Mechanicus est au service dévoué de l'Imperium. Si mon maître avait formulé des pensées hérétiques, il aurait fait l'objet d'une procédure d'élimination et de recyclage. Je qualifierais ses opinions de pensée latérale, tout au plus.
-Cela sera à nous d'en juger. Où se trouve votre maître ? Sur Hétérodyne ?
-Négatif. Le Cheval Gauvin est parti en croisade et mon maître l'a suivi.
-Qu'est-ce que le Cheval Gauvin ? Une créature ?
-Négatif. Le Cheval Gauvin est le titan de classe Chevalier Impérial entretenu par mon maître Atheneus de Lathes et mené au combat par mon seigneur Calledon, Baron de Beauval. Ils sont partis ensemble au delà des étoiles pour combattre les ennemis de l'Empereur.
-Pourquoi n'êtes vous pas partie avec eux ?
-Les faits établis sont les suivants : Mon maître a affirmé que ma présence à ses côtés ne s'imposait pas. Il a obtenu que je sois ordonnée et versée aux effectifs supportant la structure de l'Administratum ici, sur Scintilla, même si ce poste ne correspond pas à ma formation d'origine.
-Votre formation d'origine étant...
-Communion homme-machine et connexion armement sur titan de classe Chevalier Impérial.
-Vous êtes une technicienne de maintenance pour titan ?
-Précision : je suis une techno-prêtresse capable d'accomplir les rituels de maintenance d'un titan si celui-ci est de classe Chevalier Impérial ou qu'il en est dérivé. Une liste non exhaustive des titans concernés comprend le Chevalier Errant, le Paladin, le Céraste...
-Cela ira Techno-prêtresse Novia, nous avons compris l'idée.
Ma peur reflue, l'emprise de la logique électronique sur mon raisonnement aussi.
Mais qu'est-ce que je suis en train de raconter ? Je suis en petite tenue, enchainée à une chaise et je leur fait l'histoire de ma vie.
-Savez-vous pourquoi vous-êtes là ?
-Pour être tout à fait franche, je me poses la question depuis trois heures et trente-quatre minutes.
-Pourquoi ne pas avoir demandé ?
-Par prudence : pendant les trois premières heures et les vingt-sept premières minutes, c'était parce que je ne savais pas qui m'avait enlevé et que j'avais peur. Et maintenant que je sais qui vous êtes, j'ai encore plus peur. Mais je suis certaine que vous avez une bonne raison.
-Vous souvenez-vous avoir travaillé sur un dossier référence Adepta-12-675-M-Carmin
Celle-la je ne l'attendais pas. Je fouille dans ma mémoire électronique : par manque de place, je n'y stocke que le nom des dossiers et par leur contenu, mais celui-là est présent dans la banque à accès rapide. Et comme le nom me dit quelque chose, la mémoire organique prend le relai.
-Oui, c'est un dossier qui est ressorti dans les éléments à traiter il y a trois jours.
-Pourquoi est-il ressorti ?
-C'est une routine de mise à jour des données qui a signalé ce dossier comme étant à traiter.
-Et quelle était le traitement à réaliser ?
-Le classement jusqu'à une prochaine mise à jour dans un demi-siècle.
-Et l'avez vous classé ?
-Non.
-Pourquoi ?
Peu à peu, les pièces s'assemblent. Ce dossier fait surface tous les cinquante ans pour demander à être enterrer aussi tôt : n'importe quel scribouillard l'aurait tout de suite renvoyé dans la tombe d'où il était sorti mais il a fallu que je décide de farfouiller. Si j'avais su.
-Ce dossier m'a semblé suspect.
-Développez.
-Un dossier ne sort pas tous les cinquante ans pour demander à être classé au même endroit dans la foulée, j'ai voulu savoir qui avait mis cette procédure en place.
-Votre recherche n'a produit aucun résultat, n'est-ce pas ?
-En effet. Mais... vous semblez déjà tout savoir de cette histoire, n'est-ce pas ?
-Nous vous avons observée.
Je n'ai pas été enlevée au hasard et ils veulent quelque chose de moi. Ils n'ont peut être pas prévu de m'éliminer finalement, ou en tous cas pas tout de suite.
-Vous... vous m'avez observée ?
-Vous avez retenu notre attention.
-Mais pourquoi ? Je ne suis qu'une simple techno-prêtresse reléguée à un rôle de copiste.
-Vous sifflotiez.
-C'est possible...
-Personne n'a jamais vu de membre de l'Adeptus Mechanicus travailler en sifflotant. Du reste, personne n'a jamais vu de membre de l'Adeptus Mechanicus avec aussi peu de cyber-améliorations : nous avons vérifié votre certification trois fois.
Celle-là non plus je ne l'attendais pas. Et ça veut surtout dire que j'ai été surveillée dans mon travail : ce dossier doit vraiment les intéresser.
-Je vous garantis ma parfaite conformité aux rites d'initiation de la techno-prêtrise.
-Ce sujet ne nous concerne pas.
-Alors c'est le dossier qui vous intéresse ?
Un nouveau silence s'installe. Ils doivent réfléchir.
-Avec le niveau d'accréditation adéquat, pensez-vous être capable de nous produire une copie de ce dossier ?
-C'est un dossier carmin, même le niveau d'accréditation nécessaire est crypté.
-L'accréditation ne sera pas un soucis, pensez-vous être capable de nous produire une copie de ce dossier en toute discrétion ?
-Oui.
-Nous allons voir ça.
J'entends une chaise grincer et des bruits de tissus. Je n'y vois toujours rien.
Une voix féminine se fait entendre, sans déformation artificielle cette fois-ci. Elle est toute proche, face à moi. Elle était là depuis le début.
-Considérez-vous à mon service. Vous êtes l'agent Omicron 3 et vos ordres vous seront transmis par écrit. Votre première mission sera de sortir d'ici par vos propres moyens. Si vous n'y arrivez pas, vous ne me servez à rien.
Les lumières s'allument en grand, je peux enfin voir ce qu'il y a autour de moi. Une porte vient de claquer, j'ai juste pu voir une silhouette.
Mes affaires sont sur la table devant moi, ainsi que la rosette et une tablette de données. Mes entraves aussi sont toujours là : je suis menottée à la chaise qui est soudée au sol.
Bon, il faut que je me sorte de là. Je regarde autour de moi mais la salle est entièrement vide. Le trousseau est resté sur la porte, il contient peut être la clef des menottes. On va partir de l'hypothèse que les clefs sont faite dans un matériau ferromagnétique.
Je lance un rapide calcul d'intensité, j'active le circuit d'électro-tatouages, je sollicite ma réserve énergétique et j'ouvre la paume de la main.
-Omniméssie, tu régis le visible et l'invisible. Ominméssie, par ta grâce, les champs magnétiques se plient à ma volonté. Omnimessie, libère moi.
Les clefs bougent, elles s'agitent dans la serrure et finissent par s'extraire pour voler en ligne droite dans ma main : miracle de l'électro-magnétisme, Gloria !
Le reste est une formalité : je me détache, je me rhabille et je reste seule face à la rosette posée sur la table. Elle semble avoir une fonction de clef d'accréditation et pourra sans doute déverrouiller le fameux dossier.
C'est un travail qui a l'air dangereux mais je ne suis pas certaine d'avoir le choix. De toutes façons, c'est ça ou rester confinée aux archives pour le restant de mes jours.
C'est décidé. Je remet mon masque de cuivre, je glisse la rosette dans ma manche et je quitte les lieux pour réaliser ma mission.
-Les faits établis sont les suivants : Mon maître a affirmé que ma présence à ses côtés ne s'imposait pas. Il a obtenu que je sois ordonnée et versée aux effectifs supportant la structure de l'Administratum ici, sur Scintilla, même si ce poste ne correspond pas à ma formation d'origine.
-Votre formation d'origine étant...
-Communion homme-machine et connexion armement sur titan de classe Chevalier Impérial.
-Vous êtes une technicienne de maintenance pour titan ?
-Précision : je suis une techno-prêtresse capable d'accomplir les rituels de maintenance d'un titan si celui-ci est de classe Chevalier Impérial ou qu'il en est dérivé. Une liste non exhaustive des titans concernés comprend le Chevalier Errant, le Paladin, le Céraste...
-Cela ira Techno-prêtresse Novia, nous avons compris l'idée.
Ma peur reflue, l'emprise de la logique électronique sur mon raisonnement aussi.
Mais qu'est-ce que je suis en train de raconter ? Je suis en petite tenue, enchainée à une chaise et je leur fait l'histoire de ma vie.
-Savez-vous pourquoi vous-êtes là ?
-Pour être tout à fait franche, je me poses la question depuis trois heures et trente-quatre minutes.
-Pourquoi ne pas avoir demandé ?
-Par prudence : pendant les trois premières heures et les vingt-sept premières minutes, c'était parce que je ne savais pas qui m'avait enlevé et que j'avais peur. Et maintenant que je sais qui vous êtes, j'ai encore plus peur. Mais je suis certaine que vous avez une bonne raison.
-Vous souvenez-vous avoir travaillé sur un dossier référence Adepta-12-675-M-Carmin
Celle-la je ne l'attendais pas. Je fouille dans ma mémoire électronique : par manque de place, je n'y stocke que le nom des dossiers et par leur contenu, mais celui-là est présent dans la banque à accès rapide. Et comme le nom me dit quelque chose, la mémoire organique prend le relai.
-Oui, c'est un dossier qui est ressorti dans les éléments à traiter il y a trois jours.
-Pourquoi est-il ressorti ?
-C'est une routine de mise à jour des données qui a signalé ce dossier comme étant à traiter.
-Et quelle était le traitement à réaliser ?
-Le classement jusqu'à une prochaine mise à jour dans un demi-siècle.
-Et l'avez vous classé ?
-Non.
-Pourquoi ?
Peu à peu, les pièces s'assemblent. Ce dossier fait surface tous les cinquante ans pour demander à être enterrer aussi tôt : n'importe quel scribouillard l'aurait tout de suite renvoyé dans la tombe d'où il était sorti mais il a fallu que je décide de farfouiller. Si j'avais su.
-Ce dossier m'a semblé suspect.
-Développez.
-Un dossier ne sort pas tous les cinquante ans pour demander à être classé au même endroit dans la foulée, j'ai voulu savoir qui avait mis cette procédure en place.
-Votre recherche n'a produit aucun résultat, n'est-ce pas ?
-En effet. Mais... vous semblez déjà tout savoir de cette histoire, n'est-ce pas ?
-Nous vous avons observée.
Je n'ai pas été enlevée au hasard et ils veulent quelque chose de moi. Ils n'ont peut être pas prévu de m'éliminer finalement, ou en tous cas pas tout de suite.
By Steve Argyle |
-Vous avez retenu notre attention.
-Mais pourquoi ? Je ne suis qu'une simple techno-prêtresse reléguée à un rôle de copiste.
-Vous sifflotiez.
-C'est possible...
-Personne n'a jamais vu de membre de l'Adeptus Mechanicus travailler en sifflotant. Du reste, personne n'a jamais vu de membre de l'Adeptus Mechanicus avec aussi peu de cyber-améliorations : nous avons vérifié votre certification trois fois.
Celle-là non plus je ne l'attendais pas. Et ça veut surtout dire que j'ai été surveillée dans mon travail : ce dossier doit vraiment les intéresser.
-Je vous garantis ma parfaite conformité aux rites d'initiation de la techno-prêtrise.
-Ce sujet ne nous concerne pas.
-Alors c'est le dossier qui vous intéresse ?
Un nouveau silence s'installe. Ils doivent réfléchir.
-Avec le niveau d'accréditation adéquat, pensez-vous être capable de nous produire une copie de ce dossier ?
-C'est un dossier carmin, même le niveau d'accréditation nécessaire est crypté.
-L'accréditation ne sera pas un soucis, pensez-vous être capable de nous produire une copie de ce dossier en toute discrétion ?
-Oui.
-Nous allons voir ça.
J'entends une chaise grincer et des bruits de tissus. Je n'y vois toujours rien.
Une voix féminine se fait entendre, sans déformation artificielle cette fois-ci. Elle est toute proche, face à moi. Elle était là depuis le début.
-Considérez-vous à mon service. Vous êtes l'agent Omicron 3 et vos ordres vous seront transmis par écrit. Votre première mission sera de sortir d'ici par vos propres moyens. Si vous n'y arrivez pas, vous ne me servez à rien.
Les lumières s'allument en grand, je peux enfin voir ce qu'il y a autour de moi. Une porte vient de claquer, j'ai juste pu voir une silhouette.
Mes affaires sont sur la table devant moi, ainsi que la rosette et une tablette de données. Mes entraves aussi sont toujours là : je suis menottée à la chaise qui est soudée au sol.
Bon, il faut que je me sorte de là. Je regarde autour de moi mais la salle est entièrement vide. Le trousseau est resté sur la porte, il contient peut être la clef des menottes. On va partir de l'hypothèse que les clefs sont faite dans un matériau ferromagnétique.
Je lance un rapide calcul d'intensité, j'active le circuit d'électro-tatouages, je sollicite ma réserve énergétique et j'ouvre la paume de la main.
-Omniméssie, tu régis le visible et l'invisible. Ominméssie, par ta grâce, les champs magnétiques se plient à ma volonté. Omnimessie, libère moi.
Les clefs bougent, elles s'agitent dans la serrure et finissent par s'extraire pour voler en ligne droite dans ma main : miracle de l'électro-magnétisme, Gloria !
Le reste est une formalité : je me détache, je me rhabille et je reste seule face à la rosette posée sur la table. Elle semble avoir une fonction de clef d'accréditation et pourra sans doute déverrouiller le fameux dossier.
C'est un travail qui a l'air dangereux mais je ne suis pas certaine d'avoir le choix. De toutes façons, c'est ça ou rester confinée aux archives pour le restant de mes jours.
C'est décidé. Je remet mon masque de cuivre, je glisse la rosette dans ma manche et je quitte les lieux pour réaliser ma mission.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire